Samuel Bonnet – Hybride

Le guitariste Samuel Bonnet marie habilement jazz et tradition classique depuis toujours, ou presque. Hybride, son 5e album en tant que leader, traduit bien par son titre cet esprit de synthèse entre les deux univers savants. Bien qu’un seul morceau de l’album soit à l’origine une pièce écrite par un compositeur classique (Recuerdos de la Alhambra de Francisco Tarrega), on remarque néanmoins cette exigence de précision impeccable dans le doigté du musicien sur son instrument. Le Montréalais d’adoption (il est originaire d’Israël et a grandi en France) s’est entouré de Jonathan-Guillaume Boudreau à la contrebasse et de Simon Bergeron à la batterie dans un répertoire constitué de standards, une rareté (plutôt) dans le jazz québécois gravé sur support ou numérisé. Ce programme qui s’abreuve à Gillespie (A Night in Tunisia), Miles (Nardis), Victor Young (Beautiful Love), Bronislaw Kaper (On Green Dolphin Street) et à la tradition juive (Hava Nagila) est aussi étoffé par, on l’a dit, un standard de la guitare classique et une compo de Samuel lui-même (Imaginary Changes). Rien de révolutionnaire, ni dans cette liste ni dans la façon de les aborder, mais une technique lumineuse et soignée, une inspiration sincère et un jeu en trio qui se déploie selon les meilleurs standards de qualité et d’éloquence de la discipline. L’énergie qui transpire se fait aussi, ironiquement, apaisante et bienfaisante. Comme un force tranquille ancrée autant dans l’intelligence et le raffinement de la musique, de l’interprétation et des musiciens que dans la présence d’une maîtrise parfaite de ce je-ne-sais-quoi qui fait ‘’du bon jazz classique, personnel et original en même temps’’.