Malgré un statut presque culte dans le monde de la musique contemporaine, le compositeur canadien d’origine russe Nikolaï Korndorff demeure relativement méconnu du grand public. C’est dommage, d’autant plus que sa plume est hyper accessible et d’une redoutable habileté dans la construction de trames narratives captivantes.
La pièce titre de l’album, The Smile of Maude Lewis, est une commande de la CBC et un hommage à l’artiste visuelle néo-écossaise Maud Lewis dont l’art naïf coloré se retrouve parfaitement illustré dans la palette minimaliste ensoleillée du compositeur. Dans la lignée du cultissime In C de Terry Riley, l’œuvre résolument tonale (un Fa majeur lumineux) se construit au départ sur un motif vaguement folklorique inspiré de la musique traditionnelle néo-écossaise et répété tel une basse continue moderne. Ce coussin devient le support d’une seconde mélodie digne d’une comptine qui fait contrepoint en plus d’étoffer dignement l’architecture musicale de la pièce. L’orchestration de Korndorff est scintillante, faite de flûtes, de violons légers et bondissants, de percussions métalliques et d’une finale où une flûte à bec apporte la dernière confirmation du caractère agréablement juvénile de la pièce.
Le Triptych pour violoncelle et piano est plus grinçant, plus dramatique, mais les trois mouvements (Lament, Response et Glorification) offrent une trame narrative encore une fois directe et efficacement communicative. Lullaby, pour 2 pianos, revient au minimalisme tonal de Maud Lewis, mais avec une touche d’impressionnisme, alors que Half-light, somnolent rains pour piano duo est une composition de Jocelyn Morlock, un hommage à Korndorff créé à l’occasion du 5e anniversaire de son décès en 2006.
Les musiciens de la Côte Ouest canadienne embrassent l’univers musical de Nikolaï Korndorff avec passion et conviction.
Un album nécessaire pour mieux connaître la musique d’un compositeur canadien important et éminemment accessible.