Avez-vous déjà écouté le morceau Work de Charlotte Day Wilson ? Ou n’importe quel autre, pourvu qu’il sonne fort, vous absorbe à mesure qu’il se déroule et vous laisse pantois ? C’est aussi ce que le chant d’oiseau de Becky and the Birds, dans le morceau Paris, a produit chez moi. Peut-être est-ce le ton très solennel ou bien la pureté du chant de Thea Gustafsson ponctué d’orgue et son ambiance gospel qui me font cet effet. Ou peut-être s’agit-il tout simplement de la particularité de cette voix si aigüe mais si bien employée, parfois mieux qu’un simple instrument le serait. Et malgré ce côté angélique, l’album Trasslig qui complète ce morceau fabuleux, aussi court soit-il, n’est en rien monotone. Thea Gustafsson est la vulnérabilité même au service d’une voix qui interpelle, tout en faisant honneur à la soul nordique du même acabit que celle de la belle Coco Owino et son groupe Quadron. Enfin, cette voix (toujours cette voix) à la Minnie Riperton épate, en ce qu’elle extirpe de l’anxiété et de l’hypochondrie – qu’elle évoquait dans une récente interview de Fader – les plus délicates mélodies. Un petit joyau brut en somme, plus à même d’être écouté que décrit par des mots qui n’atteindraient pas les notes de cet album d’équilibriste.
