Le Québécois Tim Brady est une des (peut-être même LA) sommité mondiale en matière de composition contemporaine savante pour la guitare électrique. Sa rigueur intellectuelle et académique ajoutée à son originalité et son sens du plaisir ludique de la chose musicale et instrumentale en font un créateur parmi les plus marquants de ce début de 21e siècle.
Imagine Many Guitars nous projette dans un univers kaléidoscopique de couleurs psychédéliques et de matière métamorphique, comme dans une nébuleuse où fusionneraient les galaxies musicales de Reich, Glenn Branca et Ligeti. Un véritable tourbillon d’émotions et de sensations surchargées d’énergie. La Symphony # 11 ‘’This One is Broken in Pieces’’ amorce le riche programme avec un vaste déploiement sonore pour huit guitares (avec pédales) et choeur de sopranos. Comme une marée timbrale, l’œuvre respire via des contractions et des détentes harmoniques, celles-ci soutenues par des contrastes rythmiques entre longues notes chorales tenues et pulsations psychotiques hésitantes des guitares. On est autant dans la musique contemporaine rigoureuse que dans le Shoegaze. L’effet est merveilleusement hallucinant.
Slow, Simple, pour 20 guitares électriques est du même acabit, sans les voix. Cela dit, Brady parsème son tableau de couleurs saillantes qui font irruption un peu partout dans la pièce. Celles-ci peuvent prendre des allures de cymbalom ou autre instrument traditionnel ‘’exotique’’.
Five Times: four guitars est une suite en cinq courts mouvements de caractère indiqués Enigmatic / Anywhere / Everywhere / Obsessive / Alone. Baignées dans une réverbération généreuse, les élans mélodiques semblent s’épancher dans une verve libre et décomplexée, presque sensuelle. J’ai été rappelé au son de guitare d’Eric Clapton dans la série Lethal Weapon (musique de Michael Kamen). Il y a quelque chose de chaud, moite et nocturne, L.A. style, dans cette agréable partition.
[very] Short Pieces for (jazz) Guitar est une œuvre de jeunesse de Tim Brady (pas qu’il soit très vieux, mais bon, elle date de 1979…) et trahit un intérêt pour la chose dans quatre très courtes pièces (la plus longue fait 1:33).
Il y a plusieurs années (1997), Guitar Player avait placé Tim Brady dans sa liste des 30 plus importants guitaristes pour l’avenir.
L’avenir est ici, mes amis. En voici une preuve marquante.