« Avez-vous entendu l’univers murmurer? », nous demande-t-on dans la pièce d’ouverture d’Anemoia, deuxième album des États-Uniens de Spaceface. Le groupe psycho-rétro-rock futuriste enchaîne ensuite avec le funk spatial Happens All the Time, aux sonorités blaxploitation de Funkadelic ou de James Brown. L’aspect « secte » du jargon mystique qu’on entend sur le premier morceau crée une ambiance d’écoute parfaite; les voix se détachent dans une cadence douce et nous transportent dans une vague exploratoire.
Je trouve difficile de caser cet album aux tons sépia dans un quelconque genre, puisque chaque chanson nous plonge dans des champs sonores très différents. La basse omniprésente, qui rebondit d’un passage séduisant à un autre, nous donne envie de remuer. Tentez de résister à l’attrait disco de Piña Collider, pièce inspirée par les scientifiques du Grand collisionneur de hadrons.
Vous vous souvenez du plaisir? Quand il y avait des activités et que rencontrer une nouvelle personne ne nous remplissait pas de terreur abjecte. Vous vous souvenez des plages et des fêtes à 100 convives? Anemoia mise sur ces sentiments et sert à créer l’étrange enclave avant-gardiste dans laquelle Spaceface nous égare pendant un peu moins de 38 minutes.
Dès sa création, Spaceface portait un concept esthétique : une fête futuriste sur le toit d’un immeuble. Le groupe suit ce thème à 1000 % : toutes ses chansons pourraient servir de fond sonore tandis que l’espace s’emplit d’animaux gonflés, de paillettes, de champagne, de vêtements rétro et de boules disco.
Cet album aurait pu être conçu en 1974 ou hier; il s’agit d’une réussite vraiment intemporelle qui tournera sans aucun doute dans les bars, les clubs et les fêtes autour de piscine.