Née dans la foulée de la première vague punk, la new-wave fut en quelque sorte la suite logique du No Future, beaucoup des artistes ayant donné naissance au genre ayant d’abord été catalogué punk. Déjà en 1976-77, on pouvait entendre les prémices de la new-wave avec des formations (Américaines, encore une fois) telles que Pere Ubu, Devo, Suicide ou Talking Heads. Mais ce n’est qu’à partir de 1978 que le genre commença à se structurer et à faire des petits. Durant sa courte existence, la new-wave fut un joli fourre-tout dans lequel on pouvait retrouver des groupes ou artistes dont le meilleur dénominateur commun serait le désir de provoquer, d’expérimenter avec les genres, les musiques, la mode; l’envie d’être différents, audacieux, irrévérencieux, bref, un peu le même modus operandi que le punk. On voit pourquoi l’un a longtemps été associé à l’autre.
Si la moitié de la planète a succombé à la new-wave, le Québec n’a certes pas été en reste. Bien que le genre ait longtemps été ici associé à l’underground, il fut cependant beaucoup plus populaire que le punk, parce que beaucoup moins violent et rébarbatif, le succès des Men Without Hats et de Rational Youth en faisant foi. Ceci dit, hormis la poignée de groupes ou artistes solos ayant plus ou moins réussi à faire leur marque au Québec, il en est qui sont toujours demeurés dans l’ombre. Érik Cimon, le réalisateur de l’excellent documentaire Québec New Wave, affirmait que sur les quelques 600 chansons qu’il avait recensées pour son film, les trois quarts n’avaient jamais été endisquées. C’est un peu sur cette piste que ce sont lancés les passionnés archéologues de Trésor National. Sur cette chouette compilation pressée à 500 exemplaires et agrémentée d’un livret de 16 pages, l’équipe présente 13 titres (majoritairement) en anglais ou en français, aujourd’hui introuvables ou carrément inédits, aux couleurs power-pop, punk, glam, cold-wave et synthpop. Et il y a de véritables petites pépites là-dessus, des Leyden Zar qui n’ont rien à envier aux Cars ou à Gary Numan, à la dérision Devo-esque des Frères Pogo en passant par l’électro-pop sucrée de Kaméléon ou les envolées plus néo-romantiques/cold-wave de Demars et Pop Stress, sans oublier la vitaminée Break Time de The Chemicals et l’accrocheuse Money de Blue Oil, premier groupe punk local 100% féminin. NOME NOMA couvre pas mal toutes les facettes de la new-wave.
Titre emprunté à la chanson des Wipers (groupe dans lequel évoluait le futur BB Patrick Bourgeois et qu’on retrouve bien entendu sur l’album), NOME NOMA témoigne de l’originalité, de l’esprit singulier et surtout de l’effervescence de cette petite scène encore aujourd’hui trop méconnue. Avec NOME NOMA, justice est enfin rendue.