Pays : Islande Label : Svikamylla ehf. Genres et styles : électronique / industriel Année : 2020

Neyslutrans

· par Geneviève Gendreau

Dès le grognement inaugural que nous assène sans prévenir Matthías Tryggvi Haraldsson, suivi de rythmes martiaux qui n’entendent pas à rire, on comprend que Hatari porte bien son nom : « haineux » en islandais. Cet aspect belliqueux retient d’abord l’attention. Le groupe se révèle toutefois progressivement dans sa complexité.

La voix et la présence lascives de l’autre chanteur du groupe, Klemens Nikulásson Hannigan, brouille en effet cette perception première. Plus effacée que celle de Haraldsson, dont le traitement décuple l’agressivité, la voix de Hannigan apporte sensualité à cette bombe martiale. Font également partie du groupe, en plus du batteur, trois danseurs à l’expression robotique et aux chorégraphies érotiques.

Leurs coups d’éclat se transposent bien au-delà de leur esthétique BDSM, dans des prises de position politiques hardies. Ayant présenté à l’Eurovision 2019, tenu à Tel Aviv, la pièce Hatrið mun sigra (« La haine triomphera »), parue la même année et dont on trouve une version allongée sur le présent album, ils y ont brandi le drapeau palestinien lors de l’attribution des points. Durant un concert à Moscou en novembre dernier, l’un des trois danseurs et chorégraphes, Andrean Sigurgeirsson, s’est présenté sur scène arborant d’énormes ailes aux couleurs de l’arc-en-ciel, en soutien à la communauté LGBTQ.

S’ajoutent à ce cocktail déjà hétéroclite quatre pièces collaboratives au premier abord insolites, mais toutes réussies. D’abord Klefi/Samed, avec l’artiste queer palestinien Bashar Murad, parue quelques jours après leur prestation à l’Eurovision. Sur Hlauptu, avec le trio féminin de rap islandais CYBER, la magie opère encore avec, entre les beats plus chaloupés, les grognements de Haraldsson et les envolées lyriques de Hannigan. Idem sur l’inquiétante Helvíti avec le rappeur Svarti Laxness, puis sur l’ample et prenante Niðurlút, avec la chanteuse de R&B GDRN. Sans oublier Spectavisti me mori, interlude solo mené de main de maître par le violoniste Pétur Björnsson.

Par sa théâtralité éclectique et assumée, Neyslutrans est l’un des albums incontournables de cette année.

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