Tandis que crissent les longs violons de l’automne 2020, une paire de jumeaux originaires de Québec nous arrive avec un album chaud. Ce n’est pas de refus, comme on dit. Le petit quart de siècle au compteur et le patronyme écossais, Simon et Henri Kinkead ont coécrit dix chansons où ils abordent la question de leur identité sexuelle, en mode décomplexé et pop-funk (ou folk dans Reality Show).
« L’art de la réussite consiste à savoir s’entourer des meilleurs », affirmait feu le président au patronyme irlandais John Fitzgerald Kennedy : voilà une maxime qu’ont appliquée nos jumeaux en confiant la réalisation de ce premier album complet à Simon Kearney, concitoyen de Québec au patronyme irlandais et auteur-compositeur-interprète à part entière. Kearney officie également aux claviers et à la guitare sur Migration, alors que Marc Chartrain (Les Chiens, Pascale Picard, Patrice Michaud) gère la batterie et Nathan Vanheuverzwijn (Dominique Fils-Aimé, Jérôme 50, Émile Bilodeau) d’autres claviers.
Les frères Kinkead ont peaufiné leurs textes avec l’aide de l’ineffable Jérôme 50 et de Simon Lachance (Raton Lover). Le musicophile n’est pas surpris d’apprendre que Jean-Bruno Pinard se trouvait derrière la console de mixage pour Migration, car Pinard avait fait de même pour La nuit est une panthère de Vincent Roberge alias Les Louanges. Cette fraternité sonore québécoise comprend aussi Hubert Lenoir, notamment pour le tube Atomic Suzie, et – rétroportons-nous quarante plus tôt – Gilles Rivard, créateur de goûteux albums hybridant la pop, la soul et le funk, à l’époque.
Après quelques écoutes de Migration, on en arrive au constat que cette enfilade de chansons est suave à presque tous égards. Presque, parce que la manie millénariale de recourir à des verbes anglais non conjugués, comme dans « J’ai struggle à pas avoir de modèle de ce que je voulais être » fait plus que jamais tiquer le musicophile. Un péché à ranger dans la catégorie vénielle.