Ce n’est pas la première fois que ces deux cycles de Saisons se retrouvent sur un même album. C’est même devenu un classique en soi. Cela dit, c’est la première fois qu’elle s’échangent des teintes aussi idiomatiques, et ce dans des arrangements à la fois originaux et tout à fait appropriés. À l’orchestre de chambre de base, qui demeure passablement le même, deux solistes aussi disparates que complémentaires et surtout typiques de leur univers culturel respectif prennent l’avant-plan : la mandoline et l’accordéon (pourquoi pas le bandonéon? Mais bon, ça ‘’fitte’’ quand même…).
Les échanges de saisons (on passe de l’hiver de Vivaldi à celui de Piazzolla, puis on revient au printemps de l’Italien, et ainsi de suite) nous révèlent avec acuité les clins d’oeil musicaux à son aîné que l’Argentin a intégrés tout au long de ses propres saisons.
Le duo accordéon-mandoline, magnifiquement soutenu par la Sinfonietta Leipzig, insuffle un air de fraîcheur à tout l’ensemble, peu importe le climat suggéré. Les tempos sont dynamiques sans exagération, mais les lignes pures et claires de la mandoline de Reuven, et le souffle rustique mais élégant de l’accordéon de Wellber, apportent une cascade de pétillance et même de terroir qui sent bon les terres noires et généreuses de l’Italie ou de l’Argentine.
J’y suis revenu à maintes reprises et je crois que vous le ferez aussi. Un disque à savourer en toute saison, un verre de bulles à la main.