Si de prime abord, le répertoire pour violon seul sans accompagnement peut vous sembler aride, ne vous laissez pas tromper par ce préjugé. La musique ici présentée est magistralement belle et riche en mélodies nobles et poignantes. Si le chef-d’œuvre absolu du genre est le cycle des Sonates et Partitas de Bach, BWV 1001-1006, les trésors dévoilés par Isabelle Faust dans cet album aptement nommé Solo, ne sont absolument pas moins méritoires.
Une Fantaisie de Matteis et une Sonate de Pisendel, que Bach n’aurait pas dédaigné avoir dans son propre catalogue, sont des points forts de l’album côté découvertes. D’autres pièces, de Guillemain (un élève de Jean-Marie Leclair) et de Vilsmayr, certes plus légères, sont tout de même assez riches en détails pour séduire le plus exigeant des puristes. Et puis, il y a ce monument exceptionnel, surpassé seulement par Bach, et encore : la Passacaille de Biber, tirée de son remarquable cycle des Sonates du Rosaire.
Oh là là que c’est beau tout cela. La prise de son, chaleureusement réverbérante tout en conservant un haut degré de précision et de finesse dans sa projection des textures, supporte parfaitement un jeu à la fois délicat et assuré d’Isabelle Faust. L’Allemande est l’une des plus grandes artistes de notre époque, point barre, et elle le démontre encore une fois ici. Irréprochabilité technique côtoie sens idéal du discours et du partage d’émotions subtiles.
Un instrument, tout seul, tout simple, mais une telle magnificence. C’est fou, mais c’est ça la vraie, la grande musique.