Reprendre les bribes enregistrées d’un discours réel pour en faire une œuvre de musique contemporaine est une pratique pour le moins spectaculaire, le guitariste et compositeur québécois René Lussier (Le Trésor de la langue) et le fameux compositeur américain Steve Reich (Different Trains) en avaient fait l’éloquente démonstration dès les années 80. Cette pratique est reprise à l’occasion depuis lors, mentionnons la récente sortie du projet franco-ontarien Histoires du comté d’Essex, de Nick Hyatt et Jane Chan, en voilà une autre belle : Hugo Blouin, contrebassiste de jazz et fier Québécois francophone, a parfaitement saisi la musique de langue parlée en composant Charbonneau ou les valeurs à’bonne place, dont le premier volet fut (discrètement) rendu public il y a quatre ans. Il y reprenait alors des extraits de témoignages et discours officiels de la Commission Charbonneau, plus précisément cette fameuse Commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction qui avait mené (au moins) à découvrir les pratiques de collusion et de corruption entre entrepreneurs afin d’en dominer le marché des contrats publics. Inspiré par ce sombre épisode de l’histoire locale, Hugo Blouin avait créé le plus important chapitre de cette œuvre dans un Volume 1 et parachève ici ce travail considérable, rendu public près de quatre ans après le premier tome. Ainsi, ce jazz de chambre mâtiné de musique contemporaine et d’improvisation libre s’inscrit dans une esthétique parfaitement connue des amateurs du genre et déborde le cadre des initiés en y greffant cette mise en musique du discours à la fois complexe et divertissante. Non seulement la musique des phrases originelles y est parfois doublée sans altération mais encore Blouin le a-t-il surtout assorties de mélodies jazzy une vaste portion du discours. Les chants sont interprétés par Kathryn Samman, Julie Hamelin, Jean-Philippe Loignon et AndréAne Robichaud, la formation se compose du saxophoniste et flûtiste Alex Dodier, du batteur Jean-Philippe Godbout, de la tubiste Julie Houle, du pianiste Jonathan, sans compter les invités spéciaux dont le mentor René Lussier en personne sur La belle grosse chaîne. Voilà en somme six pièces indissociables des neuf premières, on doit considérer cette œuvre ambitieuse dans son ensemble.
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