C’est Simon Leclerc, chef d’orchestre et arrangeur hors pair, qui aura finalement eu le mérite d’obtenir l’accord de Serge Fiori pour réaliser une adaptation symphonique de la musique emblématique de Harmonium. Histoires sans paroles est comme la trame sonore enfin pleinement déployée d’une certaine histoire québécoise, d’une certaine époque transformée ici en référence à très long terme.
Le mot à retenir ici est adaptation. Ceux et celles qui s’attendent à des lectures littérales seront un peu déçus. Simon Leclerc a transformé les pièces cultes de Harmonium, Et si on avait besoin d’une cinquième saison et L’Heptade en un long poème symphonique guidé ici et là par une simple guitare (Sylvain Quesnel), incarnation presque fantomatique de Serge Fiori, puisque toute l’œuvre est créée sans paroles.
Attention, sans paroles ne signifie pas sans voix ! Un chœur et même une voix soliste à l’occasion ajoutent une touche de lumière avec des vocalises. Les Petits chanteurs de Laval sous la direction de Philippe Ostiguy sont bien au rendez-vous, ainsi que Luce Dufault et Kim Richardson qui font quelques solos.
On reconnaît les mélodies les plus marquantes, n’ayez crainte. Les plus réussies sont aussi les plus lyriques et mélancoliques. Il arrive que certains passages soient un peu trop appuyés ou rythmiquement lourds, mais en général, le mélange de textures cinématographiques, de couleurs orchestrales inspirées de Ravel ou encore des romantiques russes et l’absence de batterie typiquement rock évitent le piège d’un arrangement pop symphonique quétaine, comme on en a trop entendu.
Je ferai remarquer les superbes performances des solistes de l’OSM (flûte, basson, hautbois, violoncelle, trompette, etc.) à qui Simon Leclerc a écrit de magnifiques lignes.
Le moment chair de poule ? Harmonium, la plage 8 du premier disque, qui vous fera flotter au-dessus d’un Québec de carte postale avec ses élans de cordes moelleuses, ses cuivres nobles, ses bois enjoués, sa guitare pimpante et son chœur de vocalises angéliques. Il y a de quoi être fier.