À l’automne 2019, la formation post-rock montréalaise Fly Pan Am reprenait du service après un hiatus discographique d’une quinzaine d’années avec l’excellentissime C’est ça. Dans la foulée de ce retour inespéré, nous apprenions que le quatuor avait également travaillé à la musique de Frontera, pièce de danse contemporaine créée par la chorégraphe Dana Gingras et sa troupe Animals of Distinction. Les commentaires des âmes choyées qui ont assisté au spectacle ayant été fort élogieux, nous nous mordons encore les doigts d’avoir raté cette rencontre scénique. Heureusement, le groupe a investi le célèbre Hotel2Tango afin de graver sa partition sur disque sous l’expertise du très doué Radwan Moumneh (Jerusalem in my Heart) à la console.
L’album qui en résulte est beaucoup moins éclaté que ce que la bande nous avait proposé avec le chatoyant C’est ça. Afin de mieux accompagner les danseurs de Animals of Distinction, le groupe a mis l’accent sur les composantes les plus essentielles de son identité sonore : les boucles hypnotiques héritées du krautrock exécutées par la solide section rythmique, des murs de guitares que n’auraient pas renié Sonic Youth ou My Bloody Valentine et enfin des nappes d’effets électroniques tissées avec minutie. Les morceaux plus rythmés mettent en valeur le talent de Félix Morel, infatigable batteur qui va jusqu’à évoquer le grand Jaki Liebezeit sur la dernière pièce du disque. Les pistes plus atmosphériques, quant à elles, témoignent du savoir-faire du groupe en matière de bidouillage électronique. À cet égard, un morceau comme Scaling est un régal pour les oreilles adeptes de musique électro-acoustique. Au final, Fly Pan Am nous livre-là une trame sonore qui, même sans l’aspect visuel du spectacle pour laquelle elle a été composée, tient très bien la route.