Ils ont enregistré avec le chanteur John Legend, avec Paul Simon, qu’ils ont aussi accompagné en tournée, et ils étaient parmi les interprètes de la Music for Heart and Breath de Richard Reed Parry (Arcade Fire) qu’a fait paraître Deutsche Grammophon en 2014. C’est encore eux que l’on peut entendre, avec Regina Spektor, dans le thème de la saison finale de la série Orange Is The New Black, (You’ve Got Time). Avec ces références, ce n’est pas évident que yMusic soit un sextuor de musique contemporaine, et pourtant, l’ensemble compte parmi ceux qui font vibrer la new music chez nos voisins du sud (avec Alarm Will Sound, eighth blackbird et autres American Contemporary Music Ensemble [ACME]).
Ce quatrième album de yMusic s’ouvre et se clôt par des œuvres de Gabriella Smith, une jeune compositrice de la côte ouest au style rythmé et nerveux dont on découvre le nom avec plaisir, parce qu’on y reviendra certainement. La pièce-titre est de Missy Mazzoli, l’une des deux seules femmes à qui le Metropolitain Opera a commandé une œuvre dans son histoire (et c’est Yannick Nézet-Séguin qui a annoncé les deux en 2018) ; pas de voix ici, mais une utilisation extrêmement équilibrée des forces en présence, soit trois vents (clarinette, trompette et flûte) et trois cordes (alto, violon, violoncelle), qui s’échangent le point de mire tout au long d’un ingénieux chassé-croisé mélodique. Caroline Shaw, la lauréate du Prix Pulitzer de 2013, a elle aussi une bonne expérience de la composition pour la voix, comme l’indique son travail au sein de l’ensemble Roomful Of Teeth, avec lequel elle a remporté un Grammy. Sa musique a d’indéniables qualités vocales, comme si on sentait jusqu’au souffle des instruments, mais elle écrit aussi fort bien pour le sextuor, dont elle mêle admirablement les timbres. Sa pièce en trois parties, Draft on a High-Rise, est un des meilleurs moments du programme. Enfin, il y a Paul Wiancko, qui s’est déjà produit à titre de violoncelliste au Festival international de jazz de Montréal avec Stanley Clarke. Il y a bien en effet une goutte ou deux de jazz dans sa pièce Thous&ths, diluées entre quelques harmonies étranges, que les musicien-ne-s interprètent avec une justesse indéfectible.
Un bel album de la part d’un ensemble qui contribue à faire rayonner la musique vivante.