À moins de trente minutes, ConneQt IV est beaucoup trop court, ce qui est avantageux lorsqu’on veut donner envie aux mélomanes de revenir nous voir. Less is more, comme disent les Serbo-croates. Trois œuvres entre huit et dix minutes sont au programme de ce presque ÉP, toutes ancrées dans le Minimalisme, mais de trois façons différentes.
La première pièce s’intitule Point the Way. Elle s’appuie sur une coalescence de rythmes soutenant des formules mélodiques répétitives en formant ensemble une pulsation typique de l’école états-unienne (Riley-Glass-Reich). La deuxième, Connect Four (aucun lien avec le jeu dames vertical) est plus éthérée et dépouillée en termes d’instrumentation et d’écriture, ramenant nos oreilles à des abstractions doucement pulsatives comme chez Feldman. Honey Dew est une offre surprenante en ce sens que le côté répétitif est enrobé dans une palette sonore richissime, voire somptueuse et enveloppante, comme une doudou moelleuse, ou encore du miel onctueux pour les tympans. Très très séduisant.
Je n’évoque pas les compositeurs ou compositrices pour la simple raison qu’il s’agit de la captation d’une projet de performance live hybride, amenant des musiciens éparpillés entre l’Ontario, les États-Unis et l’Angleterre à co-écrire, en partie spontanément, leurs musiques en communiquant via des moyens audios/vidéos. Dans le cadre d’une écoute purement auditive, cela dit, le concept demeure largement abstrait, voire inintéressant. Contrairement à la musique elle-même, d’une facture attrayante et assez foisonnante dans sa palette sonore pour être stimulante.
Un très bel album de musique minimaliste et post-minimaliste.
Allison Wiebe, piano
Andrew Noseworthy, guitare, électronique
Jerry Pergolesi, trompette, percussions, électronique
Mary-Katherine Finch, violoncelle
Sarah Fraser Raff, violon
Yaz Lancaster, violon, voix, effets
Evan Ziporyn, clarinette, claviers