Analekta lance le deuxième volet de l’intégrale des Sonates pour violon et piano de Beethoven interprétées par deux interprètes montréalais de premier plan et faisant partie de l’élite canadienne voire mondiale : Andrew Wan, violon solo de l’Orchestre symphonique de Montréal, et Charles Richard-Hamelin, lauréat de la médaille d’argent et du prix Krystian Zimerman au Concours international de piano Frédéric-Chopin à Varsovie en 2015. Ce nouveau volet de l’intégrale comprend les trois sonates de l’opus 12 ainsi que la Sonate n° 5 en fa majeur, op. 24, dite « Le printemps ». Deux ans après s’être illustré avec l’exécution brillante des Sonates 6, 7 et 8, le tandem poursuit une collaboration devenue majeure. Jusqu’à maintenant, Andrew Wan a privilégié la carrière de violon solo sous la direction de Kent Nagano, qui sait s’il choisira la carrière de soliste pour la suite des choses ? Chose certaine, il est l’un des rares violonistes canadiens à avoir acquis une telle expérience et une telle maturité, d’où ses prédispositions pour une carrière internationale. Son jeu ici est très sobre, très élégant, impeccablement respectueux des œuvres au programme, exécutées avec sans doute le meilleur pianiste québécois de sa génération. Sauf exception, les musicologues et chroniqueurs patentés ne retiennent pas ces musiques de chambre parmi les plus importantes du compositeur allemand (les 1, 2 et 3 ont été écrites entre 1796 et 1803, la 5, la mieux connue au programme, en 1812), on leur préfère avec raison ses sonates pour piano et ses quatuors à cordes, ce qui n’enlève rien aux qualités absolues de ces musiques suaves, jouées en tandem par des interprètes de haut vol, capables de leur conférer un équilibre enviable entre rigueur et sensualité. Le temps nous dira si le tandem pourra s’imposer dans le peloton de tête des enregistrements historiques de ces sonates pour piano et violon (Kremer et Argerich, Zukerman et Barenboïm, Szigeti et Arrau, etc.), mais les qualités de ces exécutions ne mentent pas pour quiconque apprécie le génial Beethoven bien au-delà de ses « tubes ».
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