Tête pensante du projet JOYFULTALK, Jay Crocker est également tout un bricoleur. Il fait de la plomberie, répare des voitures, fabrique des instruments de musique, entretient sa maison située dans un village au sud de la Nouvelle-Écosse et conçoit des installations d’art contemporain. Une de ses plus récentes créations de ce genre est l’immense murale colorée reproduite sur la pochette du troisième album de JOYFULTALK, A Separation of Being. Cette œuvre picturale mesurant cinq pieds par dix est en réalité la partition de la musique que l’on retrouve sur le disque.
Loin d’être froidement conceptuelle, la suite musicale en trois temps qui en résulte est aussi limpide que lumineuse. Dès les premiers moments de l’album, un motif joué par ce qui semble être un marimba (à moins qu’il ne s’agisse d’un instrument inventé par Crocker) souligne le parti pris minimaliste de l’œuvre. L’influence de Steve Reich ou de l’ambient japonais des années quatre-vingts – Midori Takada et Hiroshi Yoshimura me sont venus à l’esprit – est palpable. Les synthés analogigues de Crocker amènent ensuite la composition en terrain électro.
C’est quand les cordes entrent en jeu que les choses prennent vraiment leur envol. Jouées par le violoniste Jesse Zubot, elles agissent comme un courant électrique qui circule dans les conduits du dédale circulaire créé par les claviers. On a l’impression qu’elles tournent sans cesse sur elles-mêmes, mais le chemin qu’elles empruntent n’est jamais tout à fait le même. Nous conseillons aux personnes qui souffrent d’une allergie aux musiques un tant soit peu répétitives de s’abstenir. Les autres auront bien du plaisir dans ces labyrinthes savamment conçus.