The Liquor Store: Complexe ou pas complexe ? Juste assez.

Entrevue réalisée par Maude Bélair
Genres et styles : groove / jazz / jazz-funk / jazz-rock

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Vous croyez encore et toujours que le jazz est trop complexe pour vous ? Ce groupe montréalais  pourrait vous faire changer d’idée. 

The Liquor Store, c’est tout d’abord sept amis de longue date ayant le même désir ; celui de partager leur amour de la musique et ce, de tous les genres. Du hip-hop au jazz, en passant par le funk et la soul, la formation nous a montré à travers quatre projets que cet amalgame de styles peut être inusité. 

Sans cesser de nous surprendre, le groupe lançait le 18 juin le single intitulé Mopho, morceau tiré du prochain album Colossus, prévu pour octobre prochain. 

Alors que leur précédent album a récolté d’excellentes critiques pour son mouvement et sa fougue, le prochain se veut plus concis. Complètement instrumental, Colossus a aussi pour objet de démocratiser le jazz, à rendre le style plus accessible, entraînant, jovial.

PAN M 360 s’est entretenu avec trois membres de The Liquor Store pour en discuter davantage.  

PAN M 360 : Votre groupe est composé de sept membres, tous munis de leur instrument favori. Bref portrait de famille ? 

Émile : Tout d’abord, nous avons Rémi Cormier à la trompette, Alexandre Francoeur au saxophone ténor, Jules Payette au saxophone alto, Félix Leblanc au clavier et à la composition majoritaire, Félix Blackburn à la guitare, Jean-Daniel Tibault-Desbiens à la batterie, et moi-même, Émile Farley, à la basse. 

PAN M 360 : Vous êtes nombreux! Comment votre rencontre s’est-elle produite ? Avez-vous tous atterri au même bar au même moment ? 

Rémi : Nous nous sommes rencontrés au cégep de Saint-Laurent, cégep détenant un programme assez réputé en musique. Je désirais mettre en branle un projet pour participer à un festival de musique, mais cela n’a jamais été mis à terme. Mais puisque que l’énergie passait bien entre nous, nous avons décidé de continuer. Tout cela a débuté il y a dix ans et nous sommes encore là aujourd’hui. 

PAN M 360 : Si vous jouez ensemble depuis dix, il est certain que nous pouvons noter une certaine évolution dans votre musique ! Vous avez grandi avec elle ! 

Rémi : Complètement ! Au départ, nous n’étions que quatre musiciens et les trois autres se sont ajoutés par la suite. Cela a fait en sorte que le vibe a évolué aussi, tout en nous donnant davantage de direction dans ce que nous souhaitions faire en tant que groupe de musique. À nos débuts, nous faisions un peu de tout, mais rien en même temps! Mais par la suite, nous nous sommes trouvés, pour finalement adopter la forme que nous avons aujourd’hui. 

PAN M 360 : J’allais justement dire que sur votre premier album intitulé Night Drive, vous avez beaucoup misé sur des collaborations, tout en puisant dans plusieurs genres musicaux, alors que Colossus n’est qu’instrumental et jazz. Pourquoi avez-vous choisi de changer de direction ?

Félix : On veut diviser stylistiquement nos albums, compte-tenu que Night Drive était hétérogène. Cet album était trilingue avec du français, de l’anglais et même du créole. Parfois l’on était à l’extrême-jazz sur une chanson, pour être hip-hop dans une autre… Nous nous sommes dit que pour les prochains projets, nous allions tenter d’être plus centristes. 

Rémi : On a des fans qui apprécient davantage lorsque nous jouons du jazz plus complexe avec des solos à n’en plus finir, alors que d’autres préfèrent lorsque nous puisons dans le hip-hop. Mais au final, nous sommes toujours capables de créer quelque chose qui plaît à tout le monde. 

PAN M 360 : Votre single intitulé Mopho sera disponible à partir du 18 juin, mais la sortie de l’album n’est prévue que pour octobre prochain. Vous avez probablement beaucoup travaillé durant la dernière année pandémique, avec toutes les restrictions sanitaires venant avec. Quels ont été les défis de création, sachant que vous êtes  nombreux ? 

Émile : Nous avons vraiment travaillé différemment de ce que nous avons fait précédemment sur Night Drive, encore une fois pour faire différent dans le son et l’approche, mais aussi dans autre chose. À l’aube de la pandémie, il nous semblait logique d’économiser dans les coûts, et nous n’avons donc pas travaillé avec notre producteur favori : Connor Seidel. Nous avons décidé de faire notre nouvel album ‘’maison’’ et de développer nos idées par nous-mêmes. Et de fil en aiguille, ce qui était considéré comme la pré-production ou les maquettes devenaient les chansons. Tout le monde allait s’enregistrer individuellement, on écoutait en groupe à distance et on assemblait au fur et à mesure. Nous sommes très contents du résultat au final. Ce qui a fonctionné pour nous, c’est que nous avions du temps. Nous nous sommes offerts de la flexibilité car au lieu d’avoir seulement une semaine en studio, nous avions tout le temps du monde pour retoucher certaines choses, ou encore en retirer d’autres.

PAN M 360 : Comment se vit votre processus créatif, compte-tenu que les idées de chacun doivent être entendues ?

Rémi : Dans l’histoire du groupe, Félix a toujours été le compositeur principal, ce qui lui donne plus de pouvoir disons, tandis qu’Emile était le plus calé en production et prise de son, donc par défaut il a pris ça en charge. Mais normalement, nous composons davantage en groupe, nous trouvons surtout des idées en jammant ensemble. Il est certain que cette dernière année a été particulièrement spéciale, compte tenu de la distance, mais le processus s’est vraiment bien déroulé quand même. Tout le monde participait et échangeait d’une manière ou d’une autre.

PAN M 360 : Même si votre album est instrumental, et donc sans paroles, peut-on observer un certain storytelling dans Colossus ? Que désirez-vous raconter ? 

Rémi : C’est une histoire un peu mythologique, peut-être.  Au sens où c’est universel: n’importe qui qui écoute notre musique et qui comprend un peu la musique i guess, et qui se sent interpellé, peut s’imaginer sa propre histoire. Il y a quand même un certain schéma narratif sur lequel nous pourrions apposer une histoire. Mais je ne crois pas qu’aucun d’entre nous avait un film précis en tête, ou encore des personnages. Nous nous occupions de l’harmonie sonore et par la suite, nous laissons les gens se créer leur propre histoire.  Peuvent fermer les yeux et imaginer comme bon leur semble.

PAN M 360 : Lors d’un spectacle, vous avez déjà remercié l’auditoire « d’écouter de la musique qui ne passe pas nécessairement à la radio ». Comment les gens découvrent-ils The Liquor Store

Rémi : Depuis que nous faisons de la musique, nous avons tous un peu compris que nous n’étions pas là-dedans pour l’argent. Nous sommes là pour l’amour de la musique, et je crois qu’il est important de dire que nous faisons tous de la musique ailleurs pour vivre. Nous sommes tous des musiciens professionnels qui faisons de la pige, donc nous avons tous l’occasion de travailler sur des projets considérés plus pop qui passent à la radio. Mais The Liquor Store, c’est vraiment pour la musique et pour faire tripper les gens qui partagent cet amour de la musique… je ne dirais pas intellectuelle, mais plus poussée un peu ? 

Félix : Je souhaite juste rebondir là-dessus en répondant à ta question de comment les gens peuvent découvrir The Liquor Store ; tout est dans l’expérience live. Plus que de simplement donner un disque compact et de dire « tu écouteras ça en voiture », nous préférons aller directement sur le terrain et entrer directement en contact avec l’audience. Une fois que nous jouons, les gens s’arrêtent et se laissent surprendre. Parfois, je crois que cet amour de la musique ne peut que se transmettre par l’expérience live, chose que la radio ne peut pas offrir.  

PAN M 360 : Vous avez utilisé plus tôt le terme ‘’intellectuel’’ pour décrire le jazz, musique qui est souvent considérée plus élitiste et complexe. Comment faites-vous pour rendre votre musique plus accessible ? 

Émile : Dès que nous nous sommes rencontrés au cégep, nous savions que nous partagions un amour du jazz. Certains d’entre nous préfèrent le jazz du genre swing, alors que moi, au cégep, je n’écoutais que du Red Hot Chili Peppers. Je n’étais donc pas très intéressé par les propositions ‘’trop’’ jazz de mes collègues mais au final, nous nous sommes rejoints au milieu. Donc, c’est en transplantant un certain groove dans notre musique que nous pouvons garder l’aspect intellectuel, mais qui touche quand même le public de manière universelle. 
Rémi : Je pense que le souci de faire danser le public est à l’avant-plan de ce que nous faisons. Au début, nous avions le souci de la haute qualité et de la complexité, mais notre désir de faire danser les gens, de le faire tripper à largement pris le dessus.

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