Peet : de Bruxelles à Santa Teresa, vol direct

Entrevue réalisée par Jacob Langlois-Pelletier
Genres et styles : hip-hop

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À l’aube de la prestation du rappeur belge Peet au Festival Santa Teresa samedi le 13 mai, Pan M 360 s’est entretenu avec lui afin de discuter de sa venue au Québec, de la récente sortie de son deuxième album Todo Bien et bien plus!

Bien que la carrière de Peet, Pierre Mignon de son vrai nom, soit entamée depuis plusieurs années, permettons-nous de brosser son portrait en bonne et due forme pour ceux et celles qui ne sont peut-être pas familiers avec son art. Il y a quelques années, le MC bruxellois s’est fait connaître au sein du groupe dorénavant inactif, Le 77, aux côtés des artistes Félé Flingue et Morgan. Depuis, c’est en solo qu’il a véritablement trouvé ses repères et s’est imposé sur la scène musicale belge. La recette de Peet est la suivante: un rap décontracté aux influences multiples qui parlent de tout & de rien, et qui explore diverses avenues comme le boom bap et le trap. 

En février dernier, le trentenaire est revenu à la charge avec Todo Bien, un excellent opus de dix titres dont des collaborations avec les rappeurs JeanJass, Primero et Roméo Elvis. Avec cette sortie, Peet célèbre enfin sa capacité de vivre de la musique sans avoir à bosser dans des restaurants pour s’assurer un revenu  décent. Dans cet album, il chante plus qu’auparavant, ce qui lui a permis d’explorer de nouveaux sentiers musicaux sur des morceaux comme Foi et Déjà fait. Nul doute, le passage de Peet à Santa Teresa est à ne pas manquer !

PAN M 360 : Vous foulerez la scène principale du Festival Santa Teresa samedi prochain, le 13 mai. Si je ne me trompe pas, ce n’est pas votre première fois au Québec.  

PEET : Exactement, je suis déjà venu au Québec auparavant avec mon ancien groupe, Le 77. On avait fait un spectacle avec Alaclair Ensemble. En novembre dernier, je suis aussi venu pour ma tournée solo. Ce qui est différent cette fois, c’est que je viens pendant la période où il fait plus chaud. À chaque fois, j’étais venu au Canada en octobre et en novembre. Je suis très curieux de voir à quoi ça ressemble à ce temps-ci de l’année, on m’a dit que les gens sortent beaucoup plus et qu’il y a beaucoup d’événements. Lors de mes dernières visites, j’ai adoré le Québec.

PAN M 360 : Connaissez-vous certains des artistes d’ici avec qui vous allez partager la scène, samedi?

PEET : Je vais être honnête avec toi, je n’ai pas beaucoup regardé la programmation. J’aime être surpris et ne pas savoir à quoi m’attendre. Je crois que FouKi sera présent à Santa Teresa samedi. Je le connais bien, il a même fait une production sur mon album Mignon qui est sorti en 2021. On a déjà échangé ensemble. Sinon, il y a aussi Vendou que je connais très bien, c’est un ami à moi.  Il est déjà venu chez moi, en Belgique. 

PAN M 360 : De ce que j’en comprends, la connexion est toujours aussi forte entre la scène rap du Québec et celle de la Belgique?

PEET : Ouais, à fond. Je pense qu’on se comprend sur beaucoup de choses. Les deux scènes ont un peu la même mentalité et on s’entend très bien. Je ne peux pas parler pour tout le monde, mais c’est assurément le cas pour les Bruxellois. 

PAN M 360 : À quoi doit-on s’attendre de votre prestation à Santa Teresa?

PEET : À des bangers, man! Je suis super content et je suis très curieux de voir comment ça va se passer. Cela étant, je suis un peu triste de ne pas pouvoir faire venir mon band pour le festival. Il faut savoir que normalement, je suis sur scène avec un band complet. Cependant, c’est un peu compliqué financièrement d’amener sept personnes en avion au Canada. Du coup, on va faire le tout avec un DJ. On espère pouvoir revenir à un autre moment avec l’équipe entière. 

PAN M 360 : Qu’est-ce que cela vous amène d’avoir votre band avec vous sur scène?

PEET : La première fois que j’ai essayé avec un band complet, je craignais un peu que ça change la sonorité de la musique en comparaison à l’album. Après l’avoir testé, je me suis rendu compte que ça amène quelque chose de plus sur scène et ça me permet aussi de me reposer à certains moments. Ça me permet aussi de dire à un moment « Ah, les gars, venez, on fait ça. On fait une loop ou bien un freestyle, tu vois. » Je trouve que c’est important que quand tu vas voir un concert, que ça ne soit pas seulement ce que tu as entendu sur une plateforme comme Spotify.

PAN M 360 : Parlons davantage de votre musique. De ce que j’ai cru comprendre, vous produisez vos propres morceaux?

PEET : Oui, généralement sur mes albums je produis souvent la moitié de mes sons. Plus j’évolue dans la musique, moins je fais mes propres productions parce que j’en reçois de plus en plus par des producteurs. Ainsi, j’en ai moins à faire moi-même. Cependant, je finis toujours par en faire moi parce que j’aime ça et j’ai souvent des inspirations musicales. C’est aussi simple de s’autoproduire. Tu as une idée, tu vas en studio, tu fais la prod et tu poses dessus directement. Dès qu’une loop ou un échantillon m’intéresse, je vais dans mon propre studio qui est situé dans mon jardin. Lorsque j’ai quatre mesures ou un flow en tête, je lance l’enregistrement et je fais mon morceau. Souvent, lorsque je fais mes propres productions, je m’entoure d’autres producteurs qui m’aident à peaufiner le tout. C’est plus simple. 

PAN M 360 : Le 24 mai prochain marquera les trois mois depuis la sortie de votre quatrième projet solo, Todo Bien. Il est clair qu’il n’y a pas énormément de temps qui s’est écoulé depuis cette sortie, mais êtes-vous toujours aussi satisfait de ce projet. Tout est-il encore Todo Bien dans votre vie?

PEET : Oui, bien sûr. Je dirais même que ça va mieux maintenant. Je vis finalement la vie que je voulais vivre. Je ne travaille plus dans les restaurants et je peux vivre de ma musique. Dorénavant, je peux gérer mon temps comme j’en ai envie. Je fais plusieurs concerts et je chill. Je ne suis pas à un stade où j’ai trois concerts par semaine, ce n’est pas trop difficile physiquement. Tout va bien en ce moment. On fait des spectacles au Canada, en Suisse, en France, c’est magnifique. Je ne peux pas vraiment me plaindre de ça. 

PAN M 360 : Dans Todo Bien, on se rend compte que votre mode de vie a quelque peu changé, que ce soit au niveau de vos relations interpersonnelles ou votre consommation d’alcool. Qu’est-ce qui a mené à ces changements?

PEET : Franchement, je ne sais pas vraiment. On grandit, tu vois, moi, j’ai 30 ans maintenant. Je vois les choses différemment. Dorénavant, il y a des choses que je voulais faire avant, que je fais moins. Avant, j’aimais beaucoup sortir, faire la fête tout le temps. Maintenant, je suis un peu plus à la maison, j’aime travailler dans mon jardin et avoir une vie posée. Je crois que ça vient vraiment du fait que je grandis, je crois que ce n’est pas plus compliqué que ça. C’est assez dur à dire comment j’ai évolué puisque je le vis au jour le jour, je ne me rends pas vraiment compte. C’est une évolution comme tout le monde pourrait l’avoir je crois, que ce soit un musicien ou quelqu’un d’autre. Je dirais que la vraie chose qui a changé dans ma vie, c’est que je ne travaille plus dans les restaurants. Je peux vivre de la musique, c’est la principale chose qui a changé.

PAN M 360 : Dans votre musique, on retrouve des éléments de plusieurs genres musicaux différents, le jazz par exemple. En général, qu’écoutez-vous comme musique?

PEET : J’écoute vraiment de tout. Il y a eu un moment où je n’écoutais plus beaucoup de rap, et là j’ai recommencé un peu. J’aime bien la musique de l’artiste Vacra. J’ai aussi beaucoup écouté le dernier album de Hamza. Sinon, j’ai beaucoup de vinyles à la maison et j’aime en faire jouer sans vraiment choisir. Honnêtement, je consomme moins de musique qu’avant. Je crois que j’en ai beaucoup trop écouté. Aujourd’hui, je trouve qu’on est un peu dépassé par toutes les sorties musicales. Il y a énormément de nouveaux morceaux qui sont publiés chaque semaine et il y a des artistes dans tous les sens. C’est possible d’écouter un nouvel album tous les jours sur les plateformes d’écoute en ligne. Récemment, j’ai obtenu mon permis de conduire et j’ai recommencé à écouter de la musique lors de mes trajets en voiture. J’en avais marre d’écouter la musique dans mes écouteurs tout le temps. Ouais. Avant, je ne pouvais pas sortir de chez moi sans musique.  C’était impossible. Je crois que ça m’a gavé un peu.  

PAN M 360 : Au Québec, ce n’est pas toujours évident d’être à l’affût de ce qui se passe sur la scène du rap en Belgique. Avez-vous des noms à nous suggérer? 

PEET : Récemment, j’ai fait un morceau avec Absolem. Ce qu’il fait est très stylé et vous devez absolument regarder ce qu’il fait. Sinon, il y a mon colocataire Morgan qui va sortir un projet bientôt, je vous invite à suivre ça de près. Un autre de chez nous que j’aime bien c’est Osmose. avec qui j’ai aussi fait un titre par le passé. Il y a vraiment une nouvelle génération d’artistes qui émergent de la Belgique. J’en oublie peut-être, mais c’est ce qui me vient à l’esprit en ce moment.

PAN M 360 : À quoi doit-on s’attendre de vous pour la suite?


PEET : Je pense que mon prochain album va être dans la continuité de Todo Bien.  Il va fort probablement y avoir des morceaux plus rap, d’autres plus jazz ainsi que d’autres plus expérimentaux comme ma chanson Foi. Et par la suite, je ferai peut-être un gros album où je vais travailler avec plus des musiciens. Après le prochain projet, j’aimerais essayer de faire un album un peu plus cohérent musicalement et rester fidèle à un style plutôt que de faire beaucoup de choses différentes.

PETE SE PRODUIT À SANTE TERESA SUR UN PLATEU CHAPEAUTÉ PAR FOUKI, SAMEDI 15H30, GROSSE SCÈNE LOTO-QUÉBEC

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