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Depuis qu’il préside aux destinées de l’Ensemble ArtChoral (anciennement Arts-Québec), le chef et directeur artistique Matthias Maute a entrepris un projet ambitieux: réunir dans une série discographique le répertoire choral a capella de la Renaissance à aujourd’hui. Une épopée qui couvre plus de six siècles de styles musicaux. Avec déjà sept volumes parus sur les onze projetés, le collaborateur pour PAN M 360 Frédéric Cardin, s’est entretenu avec Matthias Maute pour parler de l’avancement du projet dans la foulée des plus récentes parutions du catalogue, les volumes Baroque I et Moderne.
PAN M 360 : Qu’est-ce qui vous a motivé à lancer une série sur l’histoire du chant choral, de la Renaissance à aujourd’hui?
Matthias Maute: Tout a commencé pendant la pandémie : plus de concerts, plus de public… mais toujours de la musique ! On s’est dit : si on ne peut pas chanter en direct, chantons pour l’Histoire. Résultat ? Une bibliothèque numérique du répertoire a cappella, de la Renaissance à aujourd’hui. Un voyage musical à travers le temps, sans masque et sans quarantaine !
PAN M 360 : Sur quels critères vous êtes-vous appuyé pour faire le choix du répertoire, qui est tellement immense?
Matthias Maute : J’ai suivi mon oreille et mon cœur : il fallait cette étincelle magique, ces œuvres qui nous transportent et nous font vivre une expérience unique. En gros, si ça me donne des frissons ou l’envie de chanter sous la douche, c’était un bon candidat ! Mais pas question de se limiter au coup de cœur : on a aussi plongé dans les recherches pour dénicher des pièces qui incarnent vraiment leur époque et leur style. Résultat ? Un répertoire qui raconte une histoire, pas juste une suite de belles mélodies !
PAN M 360 : Vous avez divisé le Baroque en deux volumes, bien sûr à cause de la durée de cette période. Mais on peut également parler de deux champs stylistiques différents représentés par ces deux volumes. Comment pourriez-vous décrire la différence fondamentale entre ces deux Baroques?
Matthias Maute : Le XVIIe siècle, c’est le Baroque en pleine effervescence : les compositeurs explorent, expérimentent, se lancent dans de nouvelles formes et jouent avec les surprises musicales. Un vrai laboratoire d’idées ! Le XVIIIe siècle, lui, marque un Baroque plus mûr, plus structuré, où l’équilibre et la maîtrise prennent le dessus. On passe de l’exploration à l’accomplissement, avec des œuvres plus longues, pleines de tensions et de contrastes maîtrisés. En gros, si le XVIIe est l’esprit libre et aventureux, le XVIIIe est le génie qui affine son art !
PAN M 360 : Dans Moderne, vous avez manifestement fait le choix de ne pas visiter le répertoire d’avant-garde/expérimental et atonal. Pourquoi?
Matthias Maute : Cette bibliothèque digitale s’adresse aux millions de choristes à travers le monde. On voulait donc un répertoire exigeant, mais chantable ! L’avant-garde atonale, aussi fascinante soit-elle, reste l’apanage de quelques ensembles spécialisés. Et puis, soyons honnêtes : aujourd’hui, la grande majorité des compositions chorales restent tonales, parce que les compositeurs savent bien que peu de chœurs veulent – ou peuvent – se lancer dans l’atonal pur et dur !
PAN M 360 : On dit que la série s’étalera sur 11 volumes. Sept sont sortis jusqu’à maintenant. Doit-on prévoir un volume Contemporain? Mais encore, quels seront les autres thèmes?
Matthias Maute : Il y aura des surprises, mais ce n’est pas encore le moment de tout révéler ! Ce que je peux dire, c’est qu’un des prochains volumes sera entièrement consacré aux œuvres de deux compositeurs montréalais : Jaap Nico Hamburger… et moi-même ! J’ai bien hâte de partager ça avec vous !
PAN M 360 : Quelles pièces regrettez-vous le plus de ne pas avoir pu inclure dans les volumes parus?
Matthias Maute : Tout ce que j’aurais aimé enregistrer, mais qui n’a pas trouvé sa place sur disque, a fini par prendre vie en concert ! Autant dire que je suis comblé. Avec une seule exception : la musique d’Ana Sokolović… mais ce n’est qu’une question de temps, puisqu’on la chantera bientôt lors d’un concert à la Maison symphonique !
PAN M 360 : Quel bilan faites-vous de votre arrivée à la direction de ce qui s’appelait (pendant longtemps) l’Ensemble vocal Arts-Québec?
Matthias Maute : Ma rencontre avec les chanteurs a été une véritable révélation. Les projets multiples, stimulants, ont fait naître des résultats qui m’enthousiasment toujours. Chaque fois que je me retrouve devant le chœur, mon cœur bat plus vite – j’adore la façon dont ils chantent. La voix, c’est un langage qui touche au plus profond de nous-mêmes. Si je devais faire un bilan, ce serait ça : beaucoup de gens ont été touchés par la magie de la voix humaine. Moi aussi, j’en fais partie. Et je crois que même les choristes ne sont pas en reste !