Manou Gallo : clarté, liberté et féminité au service de la basse

Entrevue réalisée par Frédéric Cardin
Genres et styles : afrobeat / afropop

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Manou Gallo est une femme, africaine, bassiste. Elle-même le dit : il a fallu bosser fort et surmonter les regards étonnés (au mieux) du milieu essentiellement masculin et juste un peu noir (mais ça change vite!). Celle qui a été membre de Zap Mama fait cavalière solo depuis plus de 15 ans maintenant et elle vit pleinement son rêve de jeunesse : tenir une basse dans les mains et en jouer. 

Gallo sera sur la scène de la nouvelle Esplanade Tranquille du Quartier des Spectacles, le 20 juillet à 19 h, et ce pour la première fois en tant que soliste à Montréal. Ce sera l’occasion de mieux connaître cette musicienne encensée par ses pairs, et qui viendra présenter son plus récent album, Aliso vol.1, mais aussi un survol des quatre albums précédents. Pan M 360 a discuté avec elle.

Pan M 360 : À quoi doit-on s’attendre le 20 juillet prochain en termes de choix musical?

Manou Gallo : Il y aura un peu de tout. Ce sera un voyage dans le présent et dans le passé. J’aime revisiter les expériences passées, surtout les bonnes! Il y aura du Aliso, bien sûr, mais aussi des pièces de Afro Groove Queen, et quelques pièces des albums précédents. Je rendrai hommage à Manu (Dibango), à Fela (Kuti), entre autres. Je pense que ce sera une chouette rencontre.

Pan M 360 : Ce sera aussi l’occasion pour le public montréalais et canadien en général de mieux vous connaître. Vous êtes une figure assez présente en Europe, vous êtes basée à Bruxelles et vous tournez régulièrement sur le continent. Mais ici, exception faite de vos années avec Zap Mama, c’est beaucoup moins fréquent.

Manou Gallo : Oui, c’est vrai. Mais je suis encore plus heureuse que ça se fasse maintenant car j’ai beaucoup évolué dans mon jeu musical. Dans mes débuts solo, je faisais un peu de tout : percussions, chant, basse. Mais maintenant, je suis plus focalisée. C’est la basse qui est le centre de mon action, de ma créativité et de mon langage. C’est beaucoup plus clair dans ma tête, et ça paraît dans ma musique. Et je suis très contente que ce soit ça que les gens verront chez vous!

Pan M 360 : Si on veut donc résumer votre évolution musicale, il est là, le fil conducteur? La focalisation de plus en plus précise sur la basse comme moteur de la musique et de la création?

Manou Gallo : Oui, tout à fait. Je suis une musicienne qui a longtemps lutté pour pouvoir assumer clairement ce qu’elle veut faire. Vous savez peut-être que j’ai arrêté de jouer pendant environ 8 ans (entre Lowlin en 2010 et Afro Groove Queen en 2018), pendant lesquelles je suis restée dans ma cave à travailler mon instrument, à le perfectionner et à mieux le maîtriser! Je me suis questionnée, j’ai travaillée l’harmonie (j’étais au départ percussionniste et je joue encore la basse avec une couleur percussive) et j’ai trouvé mon essence. Je me suis donné les armes pour pouvoir m’exprimer adéquatement. Mais ça a pris du temps et du travail. J’ai l’impression que mon début de carrière allait dans tous les sens, à gauche, à droite, un peu partout, puis le chemin s’est éclairci, le soleil est arrivé et j’arrive maintenant avec une assurance renouvelée. J’ai hâte de partager tout cela avec le public canadien.

Pan M 360 : Quelle est l’idée derrière Aliso vol.1 (paru en 2021)?

Manou Gallo : La liberté. Ça n’a pas de prix. ëtre femme et africaine dans le milieu de la basse, c’a été un parcours de combattante. Il a fallu que je fasse mes preuves, et même deux fois plus fort! Là, maintenant, je fais la musique dont j’ai envie, au gré de mes désirs. J’avais le goût d’aller visiter un peu plus le jazz, alors j’ai lancé une perche à Christian McBride, qui a été assez aimable pour accepter avec enthousiasme.

Pan M 360 : Qu’avez-vous appris à son contact?

Manou Gallo : L’humilité. Voici un très grand musicien, très savant et qui est d’une grande humilité avec moi. Il me respecte totalement, et je le respecte en retour. La différence est évidente avec certaines stars de la pop, qui s’envoient des piques, qui ont la grosse tête. C’est complètement différent avec le genre de musiciens dont fait partie Christian, et duquel je me revendique aussi. Nous sommes en dialogue avec le spirit de chacun et chacune. C’est beau et inspirant.

Pan M 360 : En tant que femme et bassiste, avez-vous des conseils à donner aux jeunes femmes qui veulent se lancer dans une carrière comme vous?

Manou Gallo : Je ne pense pas que les jeunes femmes d’aujourd’hui ont besoin de conseils. Quand j’étais jeune, il fallait faire des efforts pour découvrir et connaître des bassistes. Moi, tout ce que j’avais c’était un lecteur de cassettes et je n’avais jamais vu Marcus Miller ou Victor Wooten. Aujourd’hui, tout est là, à portée de téléphone sur le web! Les jeunes peuvent voir Meshell (Ndegeocello) live à n’importe quel moment de la journée. L’inspiration est disponible. Il suffit simplement d’en avoir envie.

Pan M 360 : Sentez-vous quand même que vous avez un rôle à jouer en tant que modèle féminin?

Manou Gallo : Ouh là! C’est beaucoup de responsabilité! Je connais plusieurs femmes bien plus brillantes que moi. Je ne suis qu’une musicienne. Mais bon, si jamais on me demande des conseils, je répondrai avec plaisir, bien entendu. Et je serai toujours contente de rencontrer une jeune fille qui voudrait me parler après un concert, ça c’est certain.

Pan M 360 : Il paraît que votre grand-mère était une cousine de Myriam Makeba? Vous l’avez côtoyée?

Manou Gallo : Ça c’est une légende urbaine! Je ne sais pas d’où vient cette histoire et pourquoi elle roule sur le web. Elle est même inscrite sur Wikipedia. C’est faux. Ma grand-mère était d’Afrique de l’Ouest, et Myriam d’Afrique du Sud. Il n’y avait pas de lien. Mais bon, j’accepte quand même la référence, et ce n’est pas désagréable du tout d’être associée à cette très grande artiste, mais ce n’est tout simplement pas vrai.

Pan M 360 : Voilà, c’est dit. La vérité est rétablie grâce à Pan M 360. Avez-vous des idoles musicales?

Manou Gallo : Question difficile, bien sûr, mais je dirais trois. Marcus Miller pour le son, les mélodies. Victor Wooten pour la technique fabuleuse, et Richard Bona pour la facilité, l’aisance. Si je peux réunir ces trois personnalités un jour, je serai aux anges!


Manou Gallo se produira sur la scène Loto-Québec de l’Esplanade, le mercredi 20 juillet à 19 h. GRATUIT!

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