Maky Lavender : rappeur, beatmaker… hyperactif !

Entrevue réalisée par Yohann Goyat

Ce jeune rappeur à l’ambition dévorante compte bien s’imposer sur le marché musical québécois dans les prochaines années. Un acharné de travail, ne devant sa réussite qu’à lui-même.

Genres et styles : hip-hop

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Dès l’enfance, ses parents lui ont inculqué l’art de bien travailler à l’école. Même si Maky Lavender n’en a fait qu’à sa tête durant ses jeunes années, il a pour autant retenu quelques leçons parentales : la réussite passe avant tout par le travail ! Le rappeur gardera cet valeur en tête et foncera tête baissée dans le rap, une passion qui lui prend aux tripes autant que le beatmaking. Maky Lavender est bien déterminé à tout produire de A à Z, considérant qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même. C’est d’ailleurs ce qu’on pourra constater virtuellement dès ce vendredi: le rappeur et ses musiciens se produisent dans l’espace Ausgang Plaza de la rue Saint-Hubert, d’où cette conversation avec PAN M 360.

PAN M 360 : Comment en êtes-vous venu au rap ?

Maky Lavender : « Il faut savoir que tout a commencé avec le français. Cette langue est un Cube Rubik pour moi. C’est une langue très compliquée et prise très au sérieux en Europe, et plus particulièrement en France. L’école était très importante pour mes parents : écrire, bien s’exprimer, bien se comporter, etc. c’était primordial pour eux. Je pense que tout a commencé par l’apprentissage de la langue et la grammaire française. Moi qui suis un hyperactif, je ne comprenais pas pourquoi il fallait travailler autant à l’école, et autant faire attention aux spécificités de la langue française. »

PAN M 360 : Quel est votre rapport à l’écriture ?

Maky Lavender : « L’apprentissage de la langue est important pour apprendre à bien s’exprimer, mais actuellement je suis dans une période ingrate de ma vie. J’ai 25 ans et je suis partagé entre d’une part, comprendre et mettre en pratique ce que mes parents me disent, et de l’autre n’en faire qu’à ma tête. Il me faut donc savoir comment bien utiliser la langue, ce qui a été une étape importante dans l’écriture de mes textes.

J’essaie d’être moi-même dans les textes que j’écris. Je ne veux pas ressembler à quelqu’un d’autre. Il arrive que certain(e)s artistes prennent d’autres pour exemple. Nombre d’entre eux ont été inspirés par Tupac et on fini par faire du Tupac, ce que je ne veux pas. Je fais du Maky Lavender et je veux que l’on reconnaisse mon son. J’essaie de tirer le meilleur de la scène rap hip-hop internationale, mais en aucun cas de m’en inspirer directement. »

PAN M 360 : À quel moment avez-vous commencé à écrire vos textes ?

Maky Lavender : « Tout a commencé avec le titre Wanna Get to Know You de G-Unit et Joe sur l’album Beg For Mercy (2003). J’avais 8 ans à ce moment-là, et j’ai commencé à écrire mes premières rimes sur papier. Pour l’anecdote, ma mère a retrouvé ce texte et en a corrigé les fautes d’orthographe. C’est pour dire à quel point la langue française lui tenait à coeur. En troisième année de secondaire, notre professeur nous avait présenté le chanteur français Grand Corps Malade. Pour moi cet artiste c’était un mélange de Eminem et Blind Fury. C’est un résumé de mon approche du rap; je me suis inspiré de différentes expressions. »

PAN M 360 : Comment l’Ouest de Montréal a-t-il influencé votre carrière ?

Maky Lavender : « Tout d’abord c’est la partie anglophone de Montréal. Une grande partie du « pourquoi je rappe en anglais ». Mais aussi par l’influence et l’intérêt que je porte aux différents accents des langues. Bien souvent j’ai pensé que les gens utilisaient beaucoup d’argot dans leur langage, ce que je ne comprenais pas au premier abord. Par la suite j’ai appris que c’était de l’anglais quand j’ai fait le rapprochement avec les films que je regardais à la télévision. »

PAN M 360 : Comment l’idée d’entrepreneuriat vous est-elle venue ?

Maky Lavender : « C’est l’esprit hip-hop qui a voulu ça. Ce monde musical est tissé de beaucoup de controverses vous savez, et tout se passe dans la rue. C’est le mouvement musical qui veut ça. Par là vous pouvez vendre sous le manteau vos propres mixtape que vous avez enregistrés chez vous, ou encore les sons que vous aurez téléchargés grâce à Napster qui a démocratisé tout ça. Tout ça teinte l’esprit d’entrepreneuriat. Quand c’est signé par la rue, ça peut marcher ! Mais il faut travailler fort afin de faire perdurer le succès naissant. »

PAN M 360 : À ce sujet, comment en êtes-vous arrivé à produire vos propres sons ?

Maky Lavender : « Un ami à moi du nom de Andrew (alias Rush) jouait du piano à l’époque et enregistrait des sons. Un jour il m’a parlé de FL Studio, un logiciel de création musicale. Je l’ai alors téléchargé et à partir de là je n’ai plus jamais arrêté de créer du son. C’était fantastique, tout ce que je pouvais faire avec ce logiciel ! J’ai essayé beaucoup de choses, mais parfois quand le son ne me convenait pas, je le proposais à mes potes. Je rappe, j’écris et je compose sur le moment. À l’instinct, comme ça vient ! »

PAN M 360 : Vous produisez des beats pour d’autres artistes aussi, non ?

Maky Lavender : « Oui, j’aime beaucoup ça, mais je le fais à mon rythme. Pas de stress ni de pression. L’un des derniers titres que j’ai produits est Diamond Baby pour la chanteuse Kallitechnis. J’ai passé beaucoup de temps au studio avec mes potes à faire du son, ce qui m’a donné cette envie. J’ai grandi avec des artistes comme Jay-z, Pharell Williams, Justin Timberlake, et plus récemment Metro Boomin, ce sont pour moi des gros bosseurs qui passaient la majeure partie de leur temps à produire. Alors j’essaye de trouver un bon équilibre entre ne pas sortir trop de productions et prendre du temps pour écrire, à mon rythme. »

PAN M 360 : La pandémie a-t-elle été bénéfique en termes de production ?

Maky Lavender : « Ce que l’on vit en ce moment est difficile, tout comme on peut le voir de la plus belle façon. Ce que nos parents parfois n’arrivent pas à faire car nous ne sommes pas de la même génération. J’ai essayé de voir le bon côté des choses et j’ai travaillé à ma manière. Le monde s’est rendu compte que nous n’avions plus qu’une chose à faire : produire du contenu. Chose que j’ai faite aussi avec la production de sons. Il fallait tourner cette situation à mon avantage, et je l’ai fait. »

PAN M 360 : Vous avez sorti trois albums en 2020, peut-on dire que vous êtes avide d’écriture ?

Maky Lavender : « D’écriture et de production, oui, définitivement. Je suis marqué par cette époque de DMX et Tupac, où l’on grandissait avec cette soif de production. Il faut produire du contenu en permanence. J’ai retenu ça de mes parents aussi, eux qui n’arrêtaient jamais de me dire de travailler constamment pour réussir. Je leur en suis reconnaissant aujourd’hui. »

PAN M 360 : Quels messages voulez-vous transmettre avec votre musique ?

Maky Lavender : « Le partage, l’amour, la famille, les amis. J’essaie de le faire du mieux que je peux. Je fais beaucoup d’inside jokes dans mes chansons, j’adore faire ça ! Je vis avec ces gens tous les jours, que ce soit à la maison, au studio, dans la rue. Ce sont eux ma force, et je veux par ma musique leur rendre hommage. Y’en a beaucoup d’ailleurs ! (rires) La pandémie m’a permis de me rapprocher d’eux et me focaliser sur ce qui était important dans ma vie : le rap, la famille, les amis. »

PAN M 360 : Comment abordez-vous ce premier concert virtuel ce vendredi 19 février au Ausgang Plaza ?

Maky Lavender : « En ce qui concerne le concert virtuel, j’aborde ça avec enthousiasme. Ça va être ma première performance depuis an et je vais être accompagné de musiciens. Même sans public, juste performer sur une scène va être super ! Pour cela, je voulais que ça dépote avec une entrée à la manière des shows de WWE. À cet effet, une réédition de mon dernier album va sortir d’ici la fin du mois. »

Maky Lavender sera en spectacle virtuel ce soir, 20h, dans l’espace AUSGANG PLAZA, rue Saint-Hubert. Pour plus d’informations, c’est ici.

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