Ichon, de l’intérieur… pour de vrai !

Entrevue réalisée par Alain Brunet
Genres et styles : chanson / hip-hop / soul/R&B

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Natif de Montreuil en Seine-Saint-Denis, le chanteur parisien Yann-Wilfred Bella Ola est mieux connu sous son pseudonyme : Ichon. On l’a d’abord connu à travers le groupe rap Bon Gamin il y a quelques années, après quoi le rappeur s’est converti à l’écriture chansonnière pour ainsi se lancer dans une carrière solo avec l’album Pour de vrai, sorti en 2020 et assorti de titres supplémentaires en 2021. Ichon incarne le métissage formel de la vie culturelle dans l’Hexagone, soit un intérêt marqué pour la chanson française de qualité, une connaissance aguerrie du hip hop, de la soul/R&B ou même de la house. Et puisqu’il se produit aux Francos, parlons-lui du coup!

PAN M 360: Vous êtes déjà venu à Montréal?

ICHON : Je suis déjà venu deux fois, c’est la troisième. Je suis venu d’abord en 2016 avec le groupe Bon Gamin, puis en 2019 avc Myth Seizer, un de mes associés de Bon Gamin. Nous étions venus aux Francos ces deux fois et me revoilà en solo. Bon Gamin est une histoire de famille à la base, ça existe toujours. Nous sommes d’abord des amis avant de faire de la musique ensemble. On est tatoués Bon Gamin, ça existe dans le coeur, notre ami Ciryl Gane qui est champion du monde poids lourd en arts martiaux mixtes (MMA) qui s’appelle aussi Bon Gamin. Chacun existe de son côté mais on existe aussi tous ensemble.

PAN M 360 : Vous être proche de votre intériorité à travers vos textes. Est-ce un vrai travail d’auteur, et non pas strictement d’un parolier au service du groove?

ICHON : Pour dire la vérité, il y a une dimension psychologique et sociale là-dedans. J’essaie de travailler mon bien-être dans la vie en général, et c’est ce que je raconte dans mes chansons en fait. C’est mon parcours, c’est ma quête que je raconte. Je dis souvent que je ne fais pas de la musique mais que plutôt je vis et j’en fais des chansons. Il n’y a plus de décalage entre ma vie et mon travail de création. Avant, je jouais un rôle. Je jouais les codes de la musique que je voulais faire et que j’écoutais, du rap pur et dur en fait. Mais en grandissant, je me sentais toujours un peu à part de ce que je faisais en général. Et puis j’ai entrepris de me recentrer sur moi-même pour me sentir mieux en fait. J’avoue que ça a été assez difficile… C’est difficile la vie d’un jeune Noir de banlieue parisienne qui fait du rap de nos jours. Je vous avoue avoir été vite appelé par le vice et ça m’a fait du mal. J’ai alors voulu me trouver plus avec moi-même. Plutôt que de mourir j’ai préféré vivre.

PAN M 360 : Avez-vous donc décidé de parler en chansons de votre intériorité pour vous guérir vous-même ?

ICHON : Exactement. L’écriture c’est quelque chose que j’ai en moi depuis toujours. J’ai commencé à écrire des chansons pour m’exprimer et parler à ma famille. C’est une démarche personnelle, je me suis enfermé dans un coin, j’ai appris le piano et appris à chanter et je me suis mis à faire cet album Pour de vrai. Ce processus s’est amorcé vers 2017, je suis alors revenu vivre chez mes parents dans l’appartement où j’ai grandi, avec un vieux piano dans ma chambre. J’avais envie de me retrouver en fait, de maîtriser ce que je faisais. J’avais envie de donner un sens à ma vie en fait. La musique m’a aidé de nouveau au moment où je tournais en rond et ne trouvais plus l’envie de faire ce que je faisais dans la vie. J’avais besoin de me canaliser, toucher la musique, savoir ce que je faisais, d’être accordé avec moi-même en fait.

PAN M 360 : Alors votre guérison est-elle bien amorcée?

ICHON : Haha! Oui on peut dire aujourd’hui que j’ai les yeux ouverts. Aujourd’hui, je me rappelle de ce que j’ai fait la veille. Avant il y avait pas mal de choses négatives, beaucoup de drogues et d’excès, beaucoup d’ego. J’ai appris à maîtriser mon ego. Bien sûr j’ai encore des moments de « sombritude ». Jusqu’à la fin de mes jours j’aurai des doutes et des anxiétés, mais aujourd’hui je les accepte. Et en plus j’ai la chance d’avoir sorti cet album qui continue de me faire vivre. Du coup j’ai la vie devant moi et c’est ce que je me dis tous les jours.

PAN M 360 : Vos parents sont camerounais, d’où précisément?

ICHON : Mon papa vient de Yaoundé et ma maman de Mbalmayo. Je connais bien la culture camerounaise 100%, makossa, bikutsi, etc. Mon papa est chef d’un restaurant africain à Paris et du coup je baigne dans la culture africaine depuis que je suis né et j’ai grandi à Montreuil, près de Saint-Denis. Dans les années 90, ce n’était pas pareil. Mes amis de Paris n’avaient pas trop le droit de venir à Montreuil et moi je n’avais pas trop le droit de traverser le périphérique. Sinon aujourd’hui mes amis de Paris achètent des maisons à Montreuil! C’est la gentrification…

PAN M 360 : On a fait un remix de vos chansons en ralentissant votre voix – Il suffit de le faire (Chopped & Screwed par Kandea).

ICHON : C’est cool, j’aime bien. Ça donne une nouvelle couleur à l’album, à la musique.

PAN M 360 : Défendez-vous encore cet album Pour de vrai ?

ICHON : Pour de vrai est sorti en 2020. En 2021, il y a eu la réédition avec dix nouveaux morceaux, c’est donc un mélange de ces albums en fait. Vu la COVID, je n’ai pas eu l’occasion de défendre ça avant. Depuis novembre, je suis en tournée. C’ est génial car j’avais envie que mon album dure dans le temps. On peut continuer à partager, c’est un changement de vie que je raconte, je n’ai pas envie que ça parte tout de suite, je veux raconter comme il faut, je veux que les gens le ressentent. À la fin de chaque concert, il y a des gens qui pleurent et qui me prennent dans leurs bras. C’est vraiment magnifique!

PAN M 360 : C’est de l’humanisme profond, votre approche!

ICHON : 100% merci. Je n’aurais pas osé le dire moi-même haha ! J’essaie d’abord de le faire pour moi. Je ne m’attendais pas du tout à ce que les gens comprennent. Avec la COVID, c’était pile le bon moment pour parler d’intériorité et vivre ce genre d’émotion. De plus en plus de jeunes artistes vivent ça comme moi. J’aimerais créer un groupe comme les X-Men qui sont là pour faire du bien, donner de l’amour aux gens. Il y a Iseult, par exemple, avec qui j’ai collaboré. Il y en a d’autres comme ça. Je me rends compte que les gens ont besoin de partager et raconter la réalité.

PAN M 360 : Vous êtes aussi de la génération anxiété, ce qui s’ajoute au reste !

ICHON : Bien sûr, nous avons grandi avec internet, tout a changé. Les rôles ont changé. On ne sait plus où se placer, quoi faire, quoi dire, ce qui est bien ou mal. On est toujours observés et jugés, ce n’est pas si simple de se lâcher et de ne plus jouer un rôle.

PAN M 360 : Comment vous présentez-vous sur scène?

ICHON : Nous sommes trois sur scène. Il y a Max Baby aux synthés, guitare et basse, et aussi le batteur de renom Lawrence Clais. Nous avons Mika aux éclairages et Rodolphe Malo, notre ingé son. Je ne suis pas seul. Si je fais autre chose que chanter? Ça dépend des jours…

ICHON SE PRODUIT CE MARDI 14 JUIN, 19 H, STUDIO TD, DANS LE CONTEXTE DES FRANCOS. POUR VOS BILLETS C’EST ICI

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