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Récipiendaire d’un Prix Juno 2023, le pianiste virtuose canadien Philip Chiu se produira samedi aux côtés du Quatuor Isidore, ensemble récemment lauréat de l’édition 2022 du Concours international de quatuor à cordes de Banff dont le collègue Frédéric Cardin a pu discuter avec Devon Moore, l’altiste du groupe. En marge de ce concert intitulé Premier Prix, PAN M 360 s’est entretenu avec Philip Chiu au sujet de ce concert placé sous le signe des rencontres et du plaisir de jouer ensemble.
PAN M 360 : C’est la première fois que vous allez jouer avec le Quatuor Isidore. Qui a eu l’idée de cette collaboration et aviez vous avant de les rencontrer suivi leurs performances à Banff?
Philip Chiu : Effectivement ça va être la première fois et c’est Denis Brott qui nous a jumelés ensemble. J’ai bien sûr écouté leurs épreuves durant le concours de Banff et déjà j’étais frappé par leurs sensibilités, par cette communication entre eux qui est vraiment naturelle. C’est ça que j’ai aimé: ce n’était pas juste une exécution d’une très grande qualité, c’était vraiment comme une conversation entre des amis. Je suis vraiment impressionné. J’ai vraiment hâte et je me sens vraiment privilégié de jouer avec eux.
PAN M 360 : Vous allez interpréter avec eux une œuvre emblématique du répertoire français de la musique de chambre, soit Quintette pour cordes et piano en fa mineur de César Franck. Pourquoi avoir choisi cette œuvre et quelles en sont ces caractéristiques?
Philip Chiu : C’est une très bonne question. Malheureusement, ce n’est pas moi qui l’ai choisie (rires). C’est Denis qui nous l’a suggérée pour le programme. Cependant, je peux dire que c’est la première fois que je vais interpréter cette pièce, malgré le fait que j’ai fait pas mal de pièces du répertoire standard de répertoire de chambre. Je découvre vraiment cette œuvre. C’est une œuvre incroyable ! Franck était un compositeur reconnu comme organiste et symphoniste et donc il y a cette sensibilité dans son écriture avec un son qui est plus imposant que seulement l’emploi des cordes et du piano. C’est ce qu’il dessine dans les trois mouvements de cette œuvre.
PAN M 360 : Y-a t’il des défis ou des particularités que vous envisagez dans cette pièce?
Philip Chiu : La musique de Franck est très romantique. C’est une musique où il y beaucoup d’éléments contrastants dans la structure. C’est vraiment un tourbillon d’émotions, alors pour garder l’attention et l’engagement du public, il faut donner aux auditeurs assez d’éléments bien définis pour qu’ils ne soient pas happés dans tout ce flou mélodique et dans cette texture très dense et d’une grande intensité.
PAN M 360 : Cela fait quelques années que vous exercez en tant qu’interprète concertiste et que vous collaborez avec beaucoup d’autres musiciens. C’est quelque chose qui vous tient à cœur. Qu’est-ce que ces collaborations vous apportent en tant que musicien?
Philip Chiu : C’est toujours un privilège pour moi d’apprendre des choses d’autres collègues, de voir des éléments à travers leur perspective, d’entrer dans des conversations musicales avec les autres. C’est ce qui me permet de grandir, de faire vivre mon imagination, les idées musicales, explorer une manière différente de voir des choses comme une phrase, une mélodie. C’est ça que j’ai vraiment hâte de découvrir avec le Quatuor Isidore, parce que, et c’est le cas de plus en plus avec cette nouvelle génération de musiciens, ils n’agissent pas comme si c’était uniquement compétitif. Ce n’est pas du tout ça le but. On est vraiment ici pour créer quelque chose de beau ensemble, pour partager des choses. Oui, les concours c’est important d’en avoir parce que ça nous donne des objectifs et ça nous motive, mais je n’ai jamais cru en la musique comme quelque chose de compétitif et j’ai toujours cherché à éviter cette idée de : « Moi contre les autres; toi contre moi, et que la deuxième personne est un perdant. » La beauté de ces collaborations c’est vraiment de dire: « Nous sommes ici ensemble pour créer, ressentir cette résonance, cette communication, pour créer quelque chose de beau pour nous et pour les autres. »
PAN M 360 : C’est effectivement un discours qui revient chez beaucoup d’interprètes et de jeunes interprètes de nouvelles générations et qui résonne, à juste titre, très bien. C’est certainement beaucoup plus gratifiant et pertinent pour l’avancement personnel et professionnel d’agir de cette manière plutôt que d’être en compétition constante.
Philip Chiu : Exactement. Il y a aussi dans cette idée, le fait de dire, « nous ne sommes pas que des athlètes d’élite qui vivent dans leur propre monde. » C’est aussi une façon de rendre cet art, la musique classique, présente dans le quotidien.
PAN M 360 : Merci beaucoup et bon concert!
Philip Chiu : Merci!