CMIM – Piano 2024 : L’avant-dernière ligne droite des finalistes (1ère partie)

Entrevue réalisée par Alexandre Villemaire

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Nous entrons dans les derniers jours de l’édition 2024 du Concours musical international de Montréal consacré cette année au piano. Six jeunes pianistes de cinq pays différents se disputeront la première place du podium dans une finale toute masculine qui connaîtra son ultime dénouement le 16 mai. En marge de cette finale qui s’étale aujourd’hui et jeudi, nous avons pu nous entretenir avec les finalistes au sortir de leur répétition générale avec l’OSM, l’orchestre officiel du concours, dirigé par la cheffe invitée Xian Zhang à quelques heures de leur épreuve.

Pour commencer, voici Elias Ackerley (Royaume-Uni ; Corée du Sud) qui jouera le Concerto no1 de Tchaïkovski, Anthony Ratinov (États-Unis), qui interprétera le Concerto no3 de Prokofiev et Gabriele Strata (Italie) qui conclura la soirée en interprétant également le Concerto no1 de Tchaïkovski. 

PAN M 360 : Quel est votre état d’esprit actuellement, à quelques heures de votre épreuve finale ?

Elias Ackerley : Présentement, je n’ai rien à perdre. Alors je vais tout simplement considérer que c’est une merveilleuse occasion. Je pense que c’est un lieu formidable et l’orchestre est excellent. Je vais juste essayer de m’amuser.

Anthony Ratinov : Je pense qu’à ce stade, le plus dur est fait. Je pense que la présélection et les épreuves de demi-finales ont été beaucoup plus stressantes. Je reconnais à quel point la chance est impliquée dans les concours pour être en finale et pour être parmi les 6 finalistes. Je reconnais à quel point j’ai eu de la chance parce que le niveau a été extraordinairement élevé dans ce concours depuis le tout début. 

Pour moi, l’objectif des concours est de pouvoir jouer avec des orchestres et des chefs d’orchestre formidables. C’est une opportunité de pouvoir partager ma musique et mon art avec le public. Alors, à ce stade, je suis vraiment excité. Je ne suis pas aussi stressé qu’il y a une semaine. Je pense vraiment que la partie la plus difficile est terminé et que maintenant, cette portion, c’est juste du plaisir. Donc, en ce moment, je suis très concentré, parce que je veux bien sûr jouer aussi bien que possible, mais j’insiste aussi auprès de mon corps et de mon esprit sur le fait que je dois profiter de chaque étape, parce que sinon, quel est l’intérêt ?

Gabriele Strata : Je suis tellement content. J’ai trop hâte et j’ai juste tellement envie de jouer! C’est un endroit incroyable, l’orchestre est magnifique, la cheffe aussi. Je ne suis pas anxieux ou stressé. C’est vraiment que de la joie dans mon esprit pour ce soir. Pour moi, simplement le fait d’être ici, j’ai déjà gagné. Maintenant, la seule chose que je veux, c’est profiter du moment et faire de la musique.

PAN M 360 : Parmi tous les concertos disponibles dans le répertoire, pourquoi avez-vous choisi celui-ci?

Elias Ackerley : Je pense que le Concerto pour piano no 1 de Tchaïkovski est probablement l’un des concertos les plus important du répertoire pour piano. C’est une composition magnifiquement construite, et je pense qu’il est merveilleux de la jouer, car elle permet d’exprimer beaucoup de choses.

Anthony Ratinov : J’ai choisi le troisième concerto pour piano de Prokofiev pour cette finale, parce qu’il a toujours été un morceau très spécial pour moi. C’est le premier morceau duquel je suis tombé amoureux lorsque j’étais plus jeune et que je découvrais la musique classique. L’enregistrement de Martha Argerich lorsqu’elle était plus jeune et qu’elle jouait ce concerto m’a tout simplement ému et m’a donné envie d’être musicien. et surtout de jouer cette œuvre avec un orchestre.

Dans cette pièce de Prokofiev, l’orchestre est tellement intégral avec le piano qu’il donne l’impression qu’ils ne font qu’un. C’est un morceau que j’aime, un morceau que je joue très bien et que j’aime jouer à chaque fois que j’en ai l’occasion. Il met en valeur beaucoup de mes points forts sur le plan pianistique. J’ai joué la huitième sonate pour piano de Prokofiev en demi-finale et c’est aussi l’un de mes morceaux préférés. Ce sont des morceaux très différents, mais il y a des similitudes, mais aussi des différences extraordinaires, et c’est vraiment très amusant de jouer avec celles-ci.

Gabriele Strata : C’est certain que c’est un choix qui n’est pas trop atypique! Mais j’adore vraiment le morceau. Il est rempli de mélodies incroyables, de lignes magnifiques et de lyrisme. Aussi, c’est pour une raison pratique. C’est un concerto que j’ai joué souvent, alors c’est toujours bien d’avoir un morceau très près de soi pour jouer avec orchestre. Ça me fait me sentir plus confortable sur scène également.

PAN M 360 : Que souhaitez-vous exprimer à travers cette œuvre?

Elias Ackerley : Je pense que l’un des aspects que je chéris vraiment dans ce concerto, ce sont les parties plus douces. Car, tout le monde sait que c’est un concerto grandiose et qu’il est extrêmement magnifique, royal, même dans un certain sens. Mais je veux exprimer les qualités précieuses du deuxième mouvement et des autres sections plus douces.

Anthony Ratinov : Je crois que mon but est d’exprimer certaines caractéristiques de la musique de Prokofiev qui sont souvent négligées. Prokofiev est très connu pour ses pièces mécaniques et guerrières, et il y a bien sûr beaucoup de cette énergie dans cette pièce, mais il y a aussi beaucoup de contes de fées russes et d’imaginaire. Pour moi, ce sont les plus beaux moments de cette pièce. Dans le premier mouvement, après des explosions de sons et de textures, nous avons ces beaux moments d’intimité et de magie qui sont vraiment interreliés. Ma famille est originaire de Russie, alors j’ai grandi en entendant tous ces contes de fées russes et ces histoires de princesses des glaces, de sorciers et sorcières maléfiques, etc. Pouvoir communiquer cela à l’auditeur, c’est vraiment important et c’est aussi très gratifiant pour moi. 

Gabriele Strata : C’est vraiment une musique kaléidoscopique. Il y a tellement d’émotions dans ce concerto. Ce à quoi je pense quand j’écoute et que je joue cette musique, c’est à du ballet. C’est vraiment une musique de ballet écrite pour piano et orchestre. Pour moi, l’objectif à la fin, c’est d’arriver à peindre cette atmosphère et ce tableau.

Vous pouvez visionner la finale ici

Crédit photo: Tam Photography

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