Asterisms : concept Cardinal

Entrevue réalisée par Maude Bélair
Genres et styles : ambient / électronique / Premières Nations

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Le terme Asterisms (astérismes en français) désigne les figures aléatoires que constituent des amas d’étoiles voisines dans la sphère céleste. L’astérisme n’a pas de forme précise, ni vraiment d’utilité. Le simple fait d’exister et de briller dans le ciel justifie cette désignation. Le premier projet solo de l’artiste autochtone canadien Matthew Cardinal l’évoque parfaitement. 

Peut-être avez-vous déjà connu Cardinal dans la formation indie-rock Nêhiyawak, d’Edmonton. Un premier album, Nipiy, avait attiré l’attention des amateurs.trices de musique en 2020, tant que le groupe fut nommé aux prix Juno dans la catégorie “album de musique autochtone de l’année”. Lorsque le groupe fut dissous, Cardinal décida de continuer sa carrière… sous un tout autre jour : celui de la musique électronique.

Matthew Cardinal se montre très humble lorsque l’on parle de sa musique, soulignant  que cet album a été créé sans réelles intentions.  Comme un journal intime, chaque pièce révèle une petite partie de lui-même, sans réellement nous révéler quoi que ce soit de son intimité. Énigmatique, rempli de secrets, Asterisms se révèle être une écoute immersive et enveloppante à tous les niveaux. En fermant les yeux, on peut apercevoir les lumières, les formes et les sons de l’espace. Alors que Cardinal n’a pas vraiment suivi de plan, ou n’a pas vraiment été inspiré par quelque chose de précis, le rendu est limpide, intéressant et, surtout, authentique. L’artiste peut  se targuer d’explorer un son unique en son genre et d’ainsi offrir une œuvre au  fini très intime. 

Ce vendredi 27 août, Matthew Cardinal montera sur scène dans le cadre du festival MUTEK. Et il ne sera pas seul; l’artiste visuelle et médiatique Stephanie Kuse présentera ses projections durant le concert, lui conférant un jeu de couleurs, de textures et de formes. Le concert aura lieu à la 5e salle de la Place-des-Arts à Montréal, 21h30. 

PAN M 360 : Les  pièces d’Asterisms ont été créées au cours des sept dernières années. Alor pourquoi as-tu attendu si longtemps avant de bâtir ton premier projet solo? 

MATTHEW CARDINAL: Cela faisait longtemps que je souhaitais produire un projet solo, mais j’étais toujours occupé à faire autre chose. Donc, oui, certaines chansons ont été créées il y a maintenant… deux ou trois ans ? Mais oui, la toute première chanson de l’album a été écrite il y a sept ans et je me suis dit: pourquoi ne pas la mettre avec les autres ? 

PAN M 360 : Asterisms est paru en octobre 2020, et donc en plein cœur de la pandémie. Quels ont été les défis de la création et de la production ? 

MATTHEW CARDINAL: C’était bizarre, en effet. Lorsque l’album est paru, je ne pouvais pas le présenter en spectacle. Je me suis donc contenté de présenter quelques livestreams, mais tu peux bien imaginer que ce n’était pas la même chose. J’ai été assez chanceux pour être embauché sur quelques projets indépendants, mais je regrettais toujours de ne pas pouvoir jouer l’album en live devant un auditoire. Et tout cela s’est déroulé de manière tellement étrange; je voulais que l’album soit rendu public à partir de février 2020 et, un mois plus tard, tout partait en couille! Ma maison de disques m’a même appelé pour me demander si je voulais toujours lancer l’album. Je me suis dit que rendu à ce stade… Pourquoi pas !

PAN M 360 : Tu étais auparavant membre de la formation Nêhiyawak, un groupe indie-rock originaire d’Edmonton. Désormais, tu crées de la musique électronique « pour toi et pour toi seul ». Quels sont les avantages et les désavantages à travailler seul ? 

Matthew Cardinal: Cela fait longtemps que je me produis en  solo, mais oui, évidemment qu’il y a des pour et des contre. Par exemple, je n’ai pas à organiser des répétitions, je peux prendre toutes les décisions seul… Cela rend parfois la tâche plus facile. Si quelque chose ne va pas, c’est bien simple : c’est ma faute! Mais jouer en groupe me manque, c’est certain. Jouer seul, c’est être… solitaire. 

PAN M 360:  Avec Asterisms, quelle émotion, quelle réponse souhaites-tu obtenir de l’auditoire ? 

Matthew Cardinal: J’aimerais que les gens ressentent… ce qu’ils veulent bien ressentir. Je laisse ça à leur discrétion. Je souhaite simplement qu’ils écoutent ce que j’ai fait avec un esprit ouvert, parce que j’ai créé ce projet sans intention précise. Il est juste… arrivé. Je ne veux surtout pas dire aux gens comment se sentir à l’écoute de ma musique, cela leur appartient. 

PAN M 360 : Donc l’album ne raconte pas vraiment d’histoire ? Il n’y a pas vraiment de fil conducteur, narratif auquel se raccrocher ? 

Matthew Cardinal: Pas vraiment, non. Je vois plutôt Asterisms comme une histoire non linéaire. Les pièces sont toutes différentes, elles ont été créées à différents points de ma vie, à différents niveaux émotionnels. Asterisms, c’est mon journal intime en sons, en audio. 

PAN M 360 : Quels furent tes outils pour produire Asterisms

Matthew Cardinal:  J’ai utilisé beaucoup de choses différentes. J’ai utilisé des guitares, des synthétiseurs analogues, des MOG analogues pour la basse et les sons importants, des modulaires… J’aime beaucoup travailler avec des instruments personnalisés afin de créer mon propre son. J’aime la liberté que cela me procure. 

PAN M 360: Tu as été nommé en 2020 aux Prix Juno  dans la catégorie  Indigenous album of the year, ainsi que dans la liste courte du Prix Polaris. Premièrement, qu’ont signifié ces prix pour toi et deuxièmement, te sens-tu inclus dans la communauté de musique électronique ? 

Matthew Cardinal: Premièrement, c’est toujours plaisant et gratifiant d’être nommé pour un prix. Bon nombre de mes ami.e.s étaient nommé.e.s pour le Polaris, c’était vraiment cool de les voir à mes côtés. Pour ce qui est de mon inclusion… Je crois que oui ? Je crois que… (soupir)… je crois être inclus dans certains cercles précisément. Je joue à MUTEK cette semaine, j’ai fait quelques festivals de musique émergente à Victoria, ou encore à Winnipeg… Tout ça est bien, mais je ne sais pas si je fais partie de la communauté à part entière. Je reste différent de l’ensemble, ce que je fais reste de la musique expérimentale. Tout cela est difficile à expliquer, mais j’apprends tous les jours.

PAN M 360: Et es-tu satisfait de la couverture médiatique dont tu fais l’objet ? 

Matthew Cardinal: Je parle parfois à des journalistes… Je veux dire, pas en quantité industrielle, bien sûr, mais assez pour ne pas m’en plaindre. Je ne serai jamais fâché de ne pas avoir une entrevue tous les jours, tu vois ce que je veux dire ?

PAN M 360 : Ce vendredi 27 août, tu présenteras Asterisms dans le cadre du festival MUTEK à Montréal. Durant ton concert, Stephanie Kuse, une artiste visuelle de Saskatoon, présentera ses projections afin d’accompagner ta musique. Pourquoi as-tu choisi de collaborer avec elle ? 

Matthew Cardinal: Elle faisait déjà des collaborations, des partenariats avec d’autres artistes et j’ai toujours aimé son art. Or, j’ai toujours voulu présenter un spectacle avec des projections, de l’art visuel. Je crois que cela ajoute une certaine beauté, un certain attrait à la performance. Ça la rend plus interactive, plus stimulante. Marier l’audio et le visuel, ça tombe sous le sens.

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