Premier « gros » spectacles des Nuits d’Afrique 2024, Afrique en Cirque s’est déployé mercredi à l’Olympia de Montréal dans une salle pleine. Il avait de l’appétit pour ce cirque afro-québécois, axé cette fois autour de la culture guinéenne, typique de l’Afrique de l’Ouest.
« J’ai travaillé pour presque tous les cirques québécois à l’international et j’ai trouvé qu’il manquait quelque chose, les acrobaties africaines me manquaient. J’ai donc voulu monter un spectacle qui parlait de mon pays d’origine qui est la Guinée », explique Yamoussa Bangoura, fondateur de la troupe. Multi-instrumentiste et acrobate, le leader de Kalabanté s’est penché sur le legs traditionnel de Guinée, sa patrie d’origine, pour en tirer une série de tableaux musico-circassiens, échelonnés sur environ 90 minutes.
Dynamique, impressionnant, palpitant, divertissant, humoristique, festif, martial, athlétique, virtuose. Voilà autant d’épithètes pour décrire ces manœuvres acrobatiques et chorégraphiques de haute voltige. Quatre hommes et deux femmes dont certain.e.s s’avèrent des contorsionnistes hallucinants, adaptent les arts du cirque aux traditions africaines. On en reproduit les pratiques quotidiennes et traditionnelles comme la pêche, le marché, la fête au village, sans compter quelques clins d’œil à la vie occidentale comme ce numéro hilarant de mâles musclés à la Village People.
Trois musiciens les accompagnent (basse, batterie, saxophone, pédales d’effets, etc.), sans compter le maître de piste qui est en fait le musicien principal (kora, chant djembé et autres percus) en plus d’être acrobate et directeur artistique de Kalabanté. Installé à Montréal depuis plus de deux décennies, Yamoussa Bangoura connaît fort bien nos pratiques circassiennes, parmi les plus innovantes au monde, bien au-delà du Cirque du Soleil. Percussionniste aguerri, il a insufflé la pratique des percussions à ses collègues acrobates qui contribuent régulièrement à marteler de gros tambours, dont les horizontaux rappellent un tant soit peu le kodo japonais.
La direction musicale est hybride, entre la musique traditionnelle mandingue et la musique moderne occidentale (funk, une touche de jazz, etc.). Rien de sorcier lorsqu’on connaît ces styles, mais solidement exécuté. De cette soirée, il faut surtout conserver le souvenir d’une appropriation légitime du cirque universel par la riche culture d’Afrique de l’Ouest.