classique occidental / période romantique

OSM | Entre les basses islandaises et « l’inoubliable » concerto de Bruch

par Judith Hamel

L’Orchestre Symphonique de Montréal (OSM), sous la direction de la cheffe Dalia Stasevska et du violoniste virtuose Randall Goosby, présentait mercredi soir un programme mettant de l’avant les compositrices Thorvaldsdottir et Price ainsi que les compositeurs Bruch et Dvořák.

Archora d’Anna Thorvaldsdottir, fruit d’une commande de plusieurs grands orchestres et créée en 2022, a ouvert le concert sur un paysage sonore envoûtant d’une vingtaine de minutes. Conçue pour évoquer un univers texturé, l’œuvre transporte l’auditoire dans une exploration des potentiels sonores et énergétiques de l’ensemble. 

Dès les premières notes, les hypergraves envahissent l’espace, créant une masse sonore imposante, palpable. Les crissements des cymbales ajoutent une dimension organique, tandis que les vents cliquent leurs clés et usent de leur souffle pour amplifier l’atmosphère mystique de l’œuvre. Tout ça insufflant un narratif quasi vivant. Puis, l’orgue, par sa présence imposante, amplifie l’impression d’immensité, d’une pièce plus grande que nous. Ces vingt minutes se sont écoulées avec une grande fluidité, comme une unique vague qui nous renverse. La stabilité apparente des sons, obtenue par l’entrelacement des respirations des musiciens, donnait une impression surhumaine. 

Le soliste américain Randall Goosby est ensuite monté sur scène pour offrir un jeu droit et porté avec finesse par sa grande maîtrise de l’instrument. « L’inoubliable » Concerto pour violon no 1 de Max Bruch, bien qu’ayant quelque peu frustré le compositeur par son pouvoir éclipsant de ses autres concertos, demeure une œuvre phare dans le répertoire romantique allemand. Ce soir, dans l’« Adagio », Goosby a su exprimer toute l’intensité de cette romance intérieure. C’est toutefois dans le troisième mouvement que la prestation du soliste a pris tout son éclat. Il s’est déployé dans les thèmes dansants et passionnés qui laissent transparaître les origines hongroises de Bruch ainsi que dans les passages techniques finaux. Ces accents enjoués ont résonné particulièrement avec son jeu empreint d’une légèreté et d’une facilité apparente. Un jeune virtuose qui ne nous a pas renversés par sa musicalité, mais dont la technique et l’aisance qu’il porte sont impressionnantes. 

Adoration de Florence Price a ouvert la deuxième partie dans une version orchestrée pour violon et orchestre de J. Gray, mettant une deuxième compositrice à l’honneur. Cette courte pièce a particulièrement bien convenu à Randall Goosby, qui a su transmettre efficacement la charge émotionnelle à travers son jeu droit, mais honnête. Toutefois, un concert de l’OSM n’y échappe pas, au moment de lever son archet, Goosby est interrompu par le téléphone d’un membre de l’audience qui réécoutait l’enregistrement de sa prestation de la première partie à plein volume. Avec humour et patience, il a baissé son archet et lancé : « You can play it again if you want ». Mais à peine a-t-il commencé à jouer qu’une sonnerie de criquet retentit dans la salle. Des criquets qui heureusement n’étaient pas de circonstance, mais qui ont bien fait rire l’audience. 

Bien que l’œuvre concertante ait donné le titre à la soirée, c’est la Symphonie no 8 de Dvořák, dirigée avec fougue par Dalia Stasevska, qui s’est imposée comme le moment le plus marquant. La cheffe d’orchestre s’est particulièrement illustrée par une direction mettant de l’accent sur des contrastes drastiques de nuances et par des exagérations de certains passages rythmiques. Cette symphonie à l’atmosphère bucolique s’est donc déployée à travers des moments de légèreté, des traits droits de trompettes et par les caractères populaires exagérés de certains thèmes dansants. Le quatrième mouvement, qui s’ouvre sur un appel flamboyant des trompettes et qui se termine avec des passages chromatiques bien groovés, a terminé le concert sur une note de jeunesse bien appréciable.

crédit photos:  Randall Goosby – Kaupo Kicks ; Dalia Stasevska – Antoine Saito

Tout le contenu 360

Au sujet de la réprobation de Kendrick au Super Bowl LIX

Au sujet de la réprobation de Kendrick au Super Bowl LIX

Mois de l’histoire des Noirs | Place à la célébration pour Naya Ali

Mois de l’histoire des Noirs | Place à la célébration pour Naya Ali

IGLOOFEST | Suite et fin avec Four Tet

IGLOOFEST | Suite et fin avec Four Tet

Trois jours historiques avec Franghiz Ali Zadeh et le Quatuor Molinari à Montréal!

Trois jours historiques avec Franghiz Ali Zadeh et le Quatuor Molinari à Montréal!

IGLOOFEST | Cloonee conclut en tech-house le dernier vendredi

IGLOOFEST | Cloonee conclut en tech-house le dernier vendredi

Lukas Foss : Night Music For John Lennon

Lukas Foss : Night Music For John Lennon

TAVERNE TOUR I The Drin au Ministère

TAVERNE TOUR I The Drin au Ministère

PRO MUSICA | Sophia Shuya Liu, prochaine supravirtuose du piano à émerger de Montréal ?

PRO MUSICA | Sophia Shuya Liu, prochaine supravirtuose du piano à émerger de Montréal ?

TAVERNE TOUR I  Vibes de mauvaises garces et folie hyperpop O Patrovys

TAVERNE TOUR I Vibes de mauvaises garces et folie hyperpop O Patrovys

TAVERNE TOUR I La maternité est une explosion cacophonique

TAVERNE TOUR I La maternité est une explosion cacophonique

TAVERNE TOUR I La télécabine commence à osciller

TAVERNE TOUR I La télécabine commence à osciller

M/NM | Il teatro rosso, un hommage au Red Light montréalais

M/NM | Il teatro rosso, un hommage au Red Light montréalais

Au service d’Ennio Morricone

Au service d’Ennio Morricone

TAVERNE TOUR | Quai des brumes complet pour Tabi Yosha, DJ Moses Bélanger at Rau_Ze

TAVERNE TOUR | Quai des brumes complet pour Tabi Yosha, DJ Moses Bélanger at Rau_Ze

TAVERNE TOUR | Chandra, La Sécurité, The Gories… taverne tour de maître !

TAVERNE TOUR | Chandra, La Sécurité, The Gories… taverne tour de maître !

TAVERNE TOUR | Quand il pleure, il est content… et nous aussi

TAVERNE TOUR | Quand il pleure, il est content… et nous aussi

TAVERNE TOUR | The Drin, distraction4ever, anarchie… darkwave

TAVERNE TOUR | The Drin, distraction4ever, anarchie… darkwave

Montréal / Nouvelles Musiques | Éclats sur le geste… et le Karlax!

Montréal / Nouvelles Musiques | Éclats sur le geste… et le Karlax!

ONJM | Malika Tirolien réinvente HIGHER avec un orchestre complet

ONJM | Malika Tirolien réinvente HIGHER avec un orchestre complet

TAVERNE TOUR | Prewn en salopette, VioleTT Pi en feu

TAVERNE TOUR | Prewn en salopette, VioleTT Pi en feu

TAVERNE TOUR | Par une froide nuit de février

TAVERNE TOUR | Par une froide nuit de février

TAVERNE TOUR | Ada Lea retrouve ses complices à la Sala Rossa

TAVERNE TOUR | Ada Lea retrouve ses complices à la Sala Rossa

TAVERNE TOUR | HRT + God’s Mom

TAVERNE TOUR | HRT + God’s Mom

TAVERNE TOUR | Un jeudi soir sur Saint-Laurent

TAVERNE TOUR | Un jeudi soir sur Saint-Laurent

Inscrivez-vous à l'infolettre