Mundial Montréal, Jour 2 | Soirée de richesses!

par Frédéric Cardin

C’était la deuxième soirée du festival-showcase Mundial Montréal hier soir au Café Campus. On a été traité aux petits oignons avec six groupes, certains meilleurs que d’autres, mais aucun vraiment mauvais. 


L’ensemble hip hop full live acoustique Super Duty Tough Work, de Winnipeg, a lancé l’événement avec aplomb, mais pour un résultat final relativement convenu. L’attrait principal du band, cela dit, c’est l’utilisation exclusive d’instruments acoustiques (basse, batterie, guitare et sax baryton! Dans mon livre à moi, n’importe qui mettant un sax baryton sur scène mérite mon respect) afin de recréer le son et le ressenti du hip hop old school. Pour ça, c’est réussi. Le leader et chanteur Brendan Grey exerce un flow adéquatement aisé, sans être particulièrement impressionnant. LA toune est venue vers la fin, intitulée Fuck the Police (FTP). Oublions le titre et le propos rempli de clichés (même si la colère associée aux bavures des forces de l’ordre est 100% légitime), c’est la musique qui a tout cassé ici. Celle-ci a pris vie grâce à un excellent grondement des beats, un refrain accrocheur et l’entrée du public dans la parade, ce qui avait sérieusement échoué quelques minutes plus tôt, malgré les (trop longues) minutes d’effort de Brendan. Peut-être pas une révélation, mais du solide en provenance de Winnipeg.

La surprise la plus étonnante et rafraîchissante de la soirée est venue d‘une artiste ukrainienne, Krutb (se prononce kroutch), s’accompagnant seule au bandoura, une sorte de grosse guitare traditionnelle ayant à la fois des propriétés de la contrebasse et de la harpe. La jeune dame commence avec un folk éthéré, presque fantomatique, et on se demande où elle s’en va avec ce style très différent du reste des bands. Mais très vite, on est subjugué. Le public généralement assez bruyant (une plaie!) était étonnamment silencieux, c’est dire! C’est que, voyez-vous, Maryna Krut (de son véritable nom) possède une voix merveilleuse, bellement centrée à la façon des chanteuses classique (son soprano est léger et lumineux) mais également assez agile pour oser efficacement des intonations soul. Son accompagnement au bandoura est empreint de simplicité non exempte de passages plus virtuoses. Elle tape sur son instrument, parfois, et lui donne une dose d’amplification pour un résultat folk-pop, tendance indie, pas mal séduisant. Je dirais même envoûtant. À retenir.

Suivait Qairo, un groupe de flamenco-rai-jazz-blues-turc pas mal impressionnant. Le septuor, dont deux danseuses flamboyantes, a quelque chose d’électrique dans sa version modernisée du flamenco, c’est-à-dire moins aride mais sans tomber (alors là absolument pas!) dans le Gypsy Kings. Ça groove, ça rock et ce fut apprécié. J’ai cependant entendu un ou deux échos de camarades qui sont restés de marbre devant la portion danse. L’un a trouvé cela un peu trop ‘’Las Vegas’’. D’accord, peut-être pas pour tout le monde cette mise en scène. 

De Toronto nous venait ensuite la maîtresse du steelpan (ou steeldrum) caribéen, Joy Lapps et ses musiciens d’enfer (le bassiste mes amis! Oh, quel pumping irrésistible!). Le côté quétaine d’un certain répertoire caribéen pour touristes boomers en croisière est bien resté caché dans sa grosse barque, et nous en avons tous et toutes été très heureux! Lapps redonne des lettres de noblesse à cet univers en l’habillant de jazz et de blues, et en imposant une pesanteur groove plus hip hop que zouk. Très bon.

Le Montréalais Mister Dre-D remplissait l’avant-dernière fenêtre de la soirée. Le jeune homme a de très beaux attraits : il est une efficace bête de scène, il converse habilement avec le public et possède une très belle voix dont les élans évoquent de temps en temps une filiation spirituelle et soul James-Browniste. Son funk dansant où s’invitent aussi quelques indices de zouk et de rock a convaincu le public de professionnels de l’industrie. Bravo.

La soirée s’est terminée sur le show ma-la-de d’Al Qasar, un ensemble dit de « fuzz-arabe » dont je pourrais résumer les velléités sonores comme du Led Zeppelin déchaîné jouant du « Desert Blues » école Tinariwen. Wow. Un trio d’enfer qui était additionné hier de la voix d’une chanteuse soudanaise vivant à New York. Imaginez un peu le look de Pam Grier dans Foxy Brown, mais avec des intonations vocales extatiques. Un mur de son, irrémédiable, mêlant distortion électrique appuyée, groove musclé et transe spirituelle, voilà les quelque 25 minutes qui ont mémorablement clôturé cette deuxième itération des journées de showcases du Mundial Montréal 2023. Mais la chance que vous avez si cette proposition vous attire, c’est que le band en question sera en vrai full concert ce soir à l’Esco. Amenez vos bouchons si vous avez les tympans fragiles, mais ne manquez pas ça.

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