Jazz Codes, le tout récent opus de Moor Mother sous étiquette Anti-, est un véhicule pour la poésie et la déclamation. La musique afro-américaine, particulièrement le jazz moderne ou contemporain, est la matière sonore sur laquelle Moor Mother couche ses mots.
Il n’en fut pas toujours ainsi. La première fois qu’elle s’était pointée à Pop Montréal il y a quelques années, l’approche était fondamentalement bruitiste et hip-hop – écoutez l’album Fetish Bones. Par la suite, le langage a évolué vers le jazz déjà présent à très petites doses. On a revu Moor Mother au FIMAV en duo avec le légendaire multi-saxophoniste et clarinettiste Roscoe Mitchell, puis cette semaine au FIJM, soit en tandem avec la très grande batteure Terri Lyne Carrington et plus tard en solo.
« À travers son travail, elle met en lumière les principes de sa pratique collaborative interdisciplinaire Black Quantum Futurism, un cadre théorique permettant de créer des contre-chronologies et d’envisager des avenirs féministes quantiques noirs qui rompent les versions exclusives de l’histoire et de l’avenir par l’art, l’écriture, la musique et la performance. »
Moor Mother est aussi théoricienne et pédagogue à la Thornton School of Music de l’université de Californie du Sud.
Sa démarche fondamentale consiste à forer l’inconscient noir américain et en faire rejaillir les substrats à travers le prisme de l’art électroacoustique, de la poésie de la déclamation improvisée sous l’angle féministe d’une femme de couleur.
Pas sûr que le FIJM soit le meilleur contexte pour en absorber l’oeuvre pourtant vibrante et substantielle. Les fans de musiques exploratoires auraient fort probablement plus apprécié… à Victo, aux Suoni, à Mutek… Lundi soir, la réaction était trop polie compte tenu de la charge au programme.
Pour encore mieux saisir l’art et les concepts de Moor Mother, je vous recommande chaudement la critique de son superbe nouvel album, Jazz Codes, par notre très apprécié collègue Steve Naud.