Coco & Clair Clair
Coco & Clair Clair est un duo pop d’Atlanta, Géorgie. On les dit pionnières du « demon glam rock », une étiquette qui semble ne pas leur seoir de prime abord. On préfère décrire leur travail comme un mélange vivifiant de bedroom-pop et de hip-hop. Leur notice biographique indique qu’elles se sont rencontrées sur Twitter en 2012 et ont eu tôt fait d’enregistrer des chansons ensemble. Awful Records a encadré ce duo interracial – super rafraîchissant pour tous les jeunes mondialistes du Deep South américain –, dont le phrasé indolent et les mélodies vaporeuses confèrent une saveur unique. Très sympa.
Zach Zoya
Le Québécois Zach Zoya, un des rappeurs les plus en vue au Québec ces dernières années, négocie un virage avec le microalbum No Love is Even Wasted. Nous en avions la version sur scène avec DJ, instrumentistes et invités dont le doué producteur Benny Adam qui mène aussi une carrière de performer. Le risque est intéressant, car aucun artiste misant sur la soul pop mâtinée de hip-hop n’a encore atteint une grande notoriété à Montréal. Cela ne saurait tarder et Zach Zoya pourrait bien être le premier à s’imposer.
Mahalia
Native du Leicestershire, fière représentante de la diversité au Royaume-Uni (origines jamaïcaines et irlandaises), Mahalia prenait contact avec la foule d’Osheaga. Elle n’est ni la première ni la dernière à métisser la néo-soul, le hip-hop soul et une sensibilité afro-britannique à peine perceptible dans le cas qui l’occupe. L’objectif évident de Mahalia est de conquérir le marché pop de sa génération, avec des accroches mélodiques qui portent ses réflexions sur sa propre existence de jeune métisse en Occident. En marche depuis 2016, la chanteuse aujourd’hui âgée de 24 ans a déjà lancé deux albums studio, Love and compromise (2019) et Diary of Me (2016), suivi du tout récent microalbum Letter out Ur Ex.
Inhaler
Tout connaisseur de musiques populaires sait que les « fils de » prennent de grands risques à exercer le même métier que celui de leurs parents célèbres. Depuis 2020, le fils de Bono tente sa chance avec le groupe Inhaler, dont c’était la première apparition à Osheaga. Elijah Hewson s’avère, pour l’instant du moins, une pâle copie de son paternel. La voix, les mélodies, les grooves rock, les riffs de guitare… Quelques menus détails ne peuvent en confirmer la singularité, c’est carrément du sous-U2. Son groupe fait dans le rock des années 80, ses chansons ressemblent beaucoup trop à celles des premiers opus du mégaband irlandais. Gênant, embarrassant… Papa devrait être mal à l’aise. En tout cas, je le suis à sa place, je n’aimerais vraiment pas voir mon fils en version réduite de moi-même.
Ashnikko
Ashton Nicole Casey, mieux connue sous le diminutif Ashnikko, même avantageusement attitude punk, attitude rock, électro et hip-hop. Et c’est de la pop contagieuse! L’univers créatif de cette Américaine de 26 ans est riche car il met de l’avant un croisement parfaitement réussi de genres peu conciliables d’entrée de jeu. Directe, opiniâtre, abracadabrante, très drôle mais aussi dramatique et abrasive, cette jeune femme est un véritable feu d’artifices. Ses flammèches peuvent certes émerveiller et divertir mais aussi causer quelques brûlures si vous traversez sa zone d’influence.
Safia Nolin
Laissons de côté toute allusion à ses démêlés avec les paumés des médias sociaux, rapportés et commentés régulièrement par les médias de référence, tentons d’oublier Maripier Morin la repentante et concentrons-nous sur les réels dons artistiques de Safia Nolin, dont le dernier chapitre créatif est clairement le plus accompli. Les magnifiques versions « sunset » de son album Seum étaient privilégiées à Osheaga avec guitares, basse, distorsion shoegaze et rythmes rock d’une binarité exemplaire. La voix solo de Safia et les voix harmonisées de son band contrastaient bellement avec la corrosion de l’instrumentation et la douleur du propos. Cette artiste grandit certes dans l’adversité, le talent et la lumière finissent par l’emporter sur la souffrance.
Cordae
Avant que s’amène l’excellent groupe Idles, on pouvait découvrir le rappeur Cordae, métis allumé de Caroline du Nord. Écoutez ses albums The Lost Boy (2019) et From a Birds Eye View (2022) et vous constaterez que ce mec n’est pas un touriste du hip-hop. Gunna, Lil Wayne, H.E.R., Lil Durk, Freddie Gibbs, Stevie Wonder (à l’harmonica chromatique), Eminem et Roddy Ricch n’y apparaissent pas par hasard. Sa prestance sur scène, son flow très solide, l’accompagnement ambitieux de ses musiciens (instrumentistes et DJ/producteur), le propos intelligent de ses rimes, voilà autant d’éléments qui définissent un artiste qui durera.
Dua Lipa
Parmi les Olivia Rodrigo, Doja Cat, Billie Eilish et autres Camilla Cabello, la Britannique Dua Lipa est l’une des nouvelles conquérantes de la planète pop. Principale tête d’affiche à Osheaga, elle promeut une disco-électro-pop aussi prévisible que spectaculaire mais… ça le fait! Pourquoi bouder son plaisir? La scénographie, les projections, les éclairages et les chorégraphies résultent d’un budget colossal, les tubes (dont le mashup Cold Heart avec Elton John), les paillettes et les costumes moulants, bref le showbiz tel qu’on l’imagine en 2022. Dua Lipa est une authentique bête de scène à l’occidentale. Ses origines bosniaques, albanaises et kosovares, sa sympathie sincère pour la communauté LGBTQ et son féminisme assumé en font un personnage public à la fois glamour et progressiste. Paradoxe intéressant…