Ainsi donc, nous rapportent AFP et tous les médias le moindrement sérieux en Occident, Spotify se fait larguer par Neil Young. Et paf, tiens toi. La marque de la fameuse plateforme reçoit une baffe, et voilà un oeil au beurre noir pour l’image.
Ainsi donc, le monument canadien retire ses 47 albums solos et nombreux extras du répertoire Spotify, au grand dam de ses 2,4 millions d’abonnés et 6 millions d’auditeurs mensuels, sur la plateforme dont il retirait 60 % de ses revenus de l’écoute en continu. Sur son site Web, l’artiste se réjouissait en outre du soutien de sa « très grande et solidaire maison de disques » Warner Brothers – Reprise Records.
Force est d’observer que Neil Young se pose comme le dénonciateur du laxisme de Spotify en matière de désinformation populiste. Le fameux chanteur, musicien et songwriter s’inscrit en faux contre la diffusion sur la plateforme du balado de Joe Rogan, animateur libertarien et descripteur spécialisé des arts martiaux extrêmes (UFC) enclin au complotisme.
« Spotify est devenu un lieu de désinformation potentiellement mortelle sur la COVID-19. Des mensonges vendus contre de l’argent », martèle en outre Neil Young, outré par le succès d’un balado d’un tel populisme à saveur conspirationniste… Et numéro 1 sur Spotify en 2021. L’épisode du 31 décembre dernier aurait été d’autant plus dénoncé par une cohorte de 200 scientifiques, pour les informations mensongères et théories du complot véhiculées à The Joe Rogan Experience (JRE). Qui plus est, Joe Rogan se fait reprocher de tenir des propos erronés sur la pandémie de COVID19. Il aurait même désapprouvé la vaccination chez les jeunes et fait la promotion d’un traitement non autorisé, soit l’ivermectine, médicament destiné à soigner la faune intestinale, administrable chez l’humain mais surtout prescrit par les… vétérinaires!
Toujours selon AFP et autres médias de référence, l’entente de Joe Rogan avec Spotify est estimée à 100 millions de dollars… D’où le claquage de porte côté Neil Young, qui n’en revient pas d’un tel investissement par la plateforme.
Neil Young pose donc un geste courageux et nous propose de relancer le débat sur les débordements populistes tolérés par les plateformes. À peine endigué sur Facebook / Meta, le scandale permanent de ce choix controversé mais extrêmement lucratif pour Spotify et Joe Rogan, qui consiste à endosser la diffusion de tels contenus pourris. Est-il besoin d’ajouter que ces ordures médiatiques sont prisées par des millions de pauvres crédules ayant le fort sentiment d’y « faire leurs recherches ».
Neil Young s’oppose donc à cette hypocrisie en tant que citoyen progressiste… et aussi multimillionnaire dont la fortune est déjà considérable, et dont le répertoire se trouve néanmoins sur toutes les plateformes. Perdre 60 % de ses revenus du streaming est certes courageux, le geste est louable, mais Neil Young est très riche, il a 76 ans, et se trouve actuellement sur toutes les autres plateformes de streaming (Apple Music, Deezer, Amazon, etc.). Ses coffres étant bien garnis, il ne se met vraiment pas en danger en refusant les revenus de Spotify.
Néanmoins, la marque Spotify a reçu une baffe, cette prise de position fera peut-être boule de neige. Qui, au fait, sera le prochain à claquer la porte?
Crédit photo : Per Ole Hagen