Ce que fut David Johansen (1950-2025), frontman des New York Dolls

par Patrice Caron

À jamais associé aux New York Dolls, David Johansen en était le chanteur et avec Sylvain Sylvain (guitare) Johnny Thunder (guitare) Arthur Kane (basse) et Jerry Nolan (batterie), ils marqueront l’histoire du rock de façon indélébile.

Leur version du glam rock, genre en vogue en Grande-Bretagne au début des années 70, n’a pas le raffinement d’un T.Rex ou l’ambition de Bowie mais avec l’influence des Stooges, du Velvet Underground et du girl-pop américain. Doublé d’une attitude typiquement new-yorkaise et une maîtrise limitée de leurs instruments, ça lui donne cette personnalité qui inspirera la première vague punk, le hair metal et conditionnera le rock pour les décennies à venir.  

Après 2 albums, les New York Dolls tirent leur révérence en 1976 dans le désordre et une presque indifférence. Ils reviendront en 2004 à l’invitation de Morrissey, avec Johansen, Sylvain et Kane, pour 2 spectacles à Londres. Kane décèdera 22 jours plus tard mais les 2 survivants produiront 3 albums et autant de tournées mondiales dès 2005, avant de quitter définitivement la scène à la suite d’un dernier concert le 31 octobre 2011.

David Johansen se lance en solo dès 1976 et présente un premier album éponyme en 1978. 4 autres albums suivront, son dernier, Sweet Revenge, paraît en 1984.  Las de l’héritage des New York Dolls, il expérimente à la fin des années 80 un alter ego de crooner un peu louche du nom de Buster Poindexter qui interprète un répertoire de reprises de swing, de jump blues et de pop, y ajoutant des compositions dans le même esprit. Il connaîtra avec ce projet un certain succès, dont le numéro un au palmarès de sa reprise de Hot, Hot, Hot. Il se produira à Saturday Night Live sous ce pseudonyme, de même que dans un épisode de Miami Vice, en plus de jouer son propre rôle dans le film Scrooged en 1988.

La télévision et le cinéma feront de plus en plus partie de son terrain de jeu, apparaissant entre autres dans Let it ride (1988), Mr Nanny (1993) et Car 54, where are you?(1994) et plus récemment en tant que barman dans le spécial de Noël de Bill Murray. Martin Scorsese en fait son sujet principal pour son documentaire Personality Crisis : One night only,(2023) capturant l’essence de Johansen pour la postérité et représente d’une certaine façon le testament de l’ex-New York Dolls.

Grand amateur de blues, le chanteur forme le groupe David Johansen and The Harry Smiths et lance un premier album en 2000, inspiré par l’Anthologie de la musique folk américaine de Harry Everett Smith. On peut y entendre, entre autres, des reprises de Lightnin Hopkins, Sonny Boy Williamson et Mississippi John Hurt. Un 2e album de la même eau voit le jour en 2002, Shaker, dernier album de David Johansen sans les New York Dolls.

En plus de continuer à produire de la musique et de la présenter sur scène, il animera une émission sur les ondes de SiriusXM dès 2004, faisant étalage de sa vaste culture musicale avec une programmation éclectique, qu’il émaille d’anecdotes savoureuses livrées avec sa voix graveleuse et son fort accent new yorkais. On peut d’ailleurs encore l’écouter en rediffusion sur la chaîne The Loft.

Le diagnostic de cancer et d’une tumeur au cerveau mettra fin à sa carrière en 2020 et une chute en novembre dernier allait accélérer l’inévitable. À peine quelques semaines après avoir lancé une campagne de soutien pour l’aider dans sa guérison, David Johansen nous quittait le 28 février 2025.

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