En visite au Portugal pour un enregistrement, le pianiste montréalais Jean-Michel Pilc (que vous pouvez aussi entendre sur le nouvel album de Jacques Kuba-Séguin, Parfum no 1) s’est laissé séduire par les installations avantageuses du studio OJM, dont un superbe Steinway, pour plonger dans une séance d’improvisation solo qui aboutit en ce Symphony bien inspiré. Un peu le Köln Concert de notre ami Pilc, en formule plus sobre, Symphony est parcouru des courants intuitifs éclectiques qui forment la personnalité musicale du musicien. Parfois, on imagine Schoenberg jouant Gershwin, ailleurs c’est Evans qu’on devine, Fred Hersch, ou même Bach. Mais ce ne sont là que des indications subtiles, qui me permettent de vous donner une idée du son évoqué sur Symphony, à défaut de mieux. La vérité c’est que Pilc est unique et les jaillissements spontanés dont cet enregistrement est le témoin sont aussi originaux et personnels dans leurs résultats finaux que ceux que Mehldau enfantent lors de ses propres explorations solitaires. On devine des tonnes d’influences, mais le tout transcende abondamment la somme des parties, comme c’est le cas ici. Il suffit de dire que ça s’écoute fort agréablement et que même si quelques passages prennent une tangente atonale, l’ensemble demeure solidement groundé dans un impressionnisme accessible et généralement lumineux.
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