Xavier Dphrepaulezz, mieux connu dans le monde de la musique sous le nom de Fantastic Negrito, est l’un des artistes les plus envoûtants du blues contemporain. Ses albums, qui lui ont valu des Grammys, présentent toujours une combinaison de gospel, de blues rock, de roots déjantés et de bizarrerie, comme s’il était un fantôme venu d’un autre monde et qu’il racontait son histoire. C’est un son difficile à transposer sur scène, car il est généralement accompagné d’une chorale pour ses numéros de gospel aux sonorités énormes, mais sa prestation au festival de jazz de Montréal a été tout simplement électrisante et surréaliste.
Dès qu’il a fait son entrée sur la scène Rogers, vêtu d’un ensemble audacieux et flamboyant – un gilet bordeaux vif, d’immenses pantalons des années 70, un chapeau de proxénète à larges bords, des favoris sauvages et ébouriffés et, pour couronner le tout, une cape dorée avec les mots « Dictateur du goût » peints à la bombe -, il a revendiqué sans conteste le titre de « mieux habillé ». Sa garde-robe était comme un prolongement de sa musique : audacieuse, pleine d’âme et unique en son genre. Mais c’est son attitude déséquilibrée qui a véritablement volé la vedette. Sa présence sur scène est celle de Kat Williams, d’un peu de Prince et de Chris Tucker dans Rush Hour, c’est la seule façon de la décrire à mes yeux.
Sur le plan musical, chaque riff, chaque cri d’âme et chaque stomp semblait déchaîné, au bord du chaos de la manière la plus excitante qui soit. Les morceaux de son dernier album, Son of a Broken Man, étaient lourds. Un moment, il s’adressait directement à la foule avec une conviction pleine d’âme, l’instant d’après, il grattait une guitare sauvage, sautant vers le bord de la scène, mettant le public au défi de le suivre. Un certain Pierre, 76 ans, que Negrito appelait son « cousin », est monté au hasard sur scène pour reprendre « Sex Machine » de James Brown.
« Je ne savais pas que ce type existait », a-t-il déclaré en riant. « Allez sur Ancestry.com »
Le groupe est à la hauteur de la ferveur de Fantastic Negrito à chaque instant, avec des tambours qui résonnent, des orgues qui amplifient la tension et des guitares crasseuses. « Tout le monde pense que la prochaine chanson est une chanson d’amour, mais il s’agit d’essayer de ne pas tricher », a-t-il déclaré au public avant de se lancer dans son groove I Hope Somebody’s Loving You (J’espère que quelqu’un t’aime). J’aurais aimé qu’il joue Lost In A Crowd, mais nous avons eu droit à quelques fredonnements de type gospel au milieu de son set, donc c’était suffisant. Longue vie au Fantastic Negrito.

Photos by Frédérique-Ménard-Aubin