Avec Cancionera (chanteuse), Natalia Lafourcade nous offre un album somptueux, ultra léché, qui nous plonge au plus profond de la tradition mexicaine tout en laissant émerger une modernité subtile dans les arrangements.
Natalia Lafourcade s’est fait une habitude d’alterner entre des genres plus contemporains et une introspection de la tradition. Son précédent opus, De Todas las Flores (2022) s’inscrivait dans le premier courant; Cancionera, son douzième album, nous ramène dans le second. Mais, la brillance de Natalia et de son co-réalisateur Adam Jodorowsky fait en sorte que la réalité est plus complexe. Chaque album apporte une part de nouveauté, abat des frontières, renouvelle la proposition esthétique.
Ici, nous sommes dans un contexte plus orchestral. Ironiquement, Cancionera s’ouvre sur une pièce instrumentale, qui nous plonge dans une ambiance mexicaine, cinématographique, luxuriante, tropicale et un peu surréaliste.
Tout au long de l’album, on entend une multitude de cordes, de vents, de percussions, arrangés avec un grand soin par Lafourcade, Jodorowsky et le chef d’orchestre Gordon Hamilton, Australien d’origine, reconnu pour ses nombreux mélanges musicaux entre classique et nombreux autres genres.
Mais, la dernière partie du disque offre des moments plus intimes, comme Luna Creciente, où Natalia est accompagnée par les Hermanos Gutiérrez, ces guitaristes suisses-équatoriens, ou encore une version dénudée de La Bruja (La sorcière), une chanson traditionnelle de l’État de Veracruz, d’où Lafourcade est originaire.
Tout au long de Cancionera, on trouve des collaborateurs de haut niveau, comme le chanteur de flamenco espagnol Israel Fernández, son collègue guitariste Diego Del Morao, ou encore l’auteur-compositeur mexicain El David Aguilar. Et les Gutiérrez, bien sûr.
Cet album est rudement bien ficelé, subtil et très touchant même si vous ne comprenez pas l’espagnol. Natalia Lafourcade n’a pas une voix puissante comme Silvia Estrada ou Chavela Vargas. Mais elle arrive cependant à explorer des émotions multiples et intenses, souvent par la douceur. C’est qu’elle possède un sens mélodique hors du commun pour y arriver. Et elle n’a que 41 ans. Le meilleur est à venir.
La tournée Cancionera s’arrêtera à Montréal les 26 et 27 juin, dans le cadre du Festival International de jazz. Nul doute qu’il y aura beaucoup de monde, latino ou pas.