Le Quatuor Bozzini réédite sous son propre label un album qui a connu la célébrité en étant mentionné par Björk dans une entrevue. Il s’agit de String Quartets de Jürg Frey, paru chez Éditions Wandelweiser en 2006. Il est désormais épuisé.
String Quartets présente les deux premiers quatuors à cordes du compositeur suisse, dont le magistral et presque fantomatique Streichquartett 2. Pendant quasiment une demi-heure, des accords délicats construits dans des harmoniques en demi-tons et des dynamiques qui dépassent rarement le triple piano se succèdent avec d’extrêmement subtiles transformations, créant une atmosphère désincarnée, spectrale et vaporeuse. L’harmonie est brouillée au point où l’on perçoit plus que l’on entend une trame consonante qui se construit graduellement. Frey est un ascète du Minimalisme.
Le premier quatuor procède de la même pensée structurelle, bien que plus affirmatif dans sa gestuelle et son volume sonore. Deux miniatures complètent le programme, les Zwei allerletze Sächelchen (Deux toutes dernières choses) dont chacune ne dure pas plus d’une minute. Comme des haïkus musicaux, aussitôt récités, ils disparaissent en laissant l’auditoire approfondir leur enseignement bien longtemps après l’écoute.
Depuis cet album, les Bozzinis ont créé d’autres œuvres de Frey, dont le quatuor no 4 qui a été salué par la critique l’an dernier.
Un monument de minimalisme austère et stoïque.