Le prodigieux Robert Glasper occupait lundi la plus grosse scène extérieure du festival avec des musiciens top niveau, Burniss Travis à la basse, Justin Tyson à a batterie, Derrick Hodge à la guitare, Jahisundance aux DJisme et beatmaking. Le guitariste est un pur killer, capable de dégainer les phrases les plus complexes et les plus rapides. Le bassiste est un parfait accompagnateur pour le jazz groove et capable d’harmonies puisque sa basse compte 6 cordes. Le batteur est dans la lignée des meilleurs, ayant intégré les rythmes hip-hop et drum’n’bass conçus initialement par des beatmakers et leurs machines. Le DJ dispose des références essentielles à la bonne marche du programme.
Jusque là, on est en voiture mais…
Lundi soir, le musicien originaire de Houston défendait sa formule Black Radio, connue des fans de jazz depuis 2012 et déclinée sur 3 albums studios depuis lors, le groove depuis de nombreuses, sorte de prolongement actuel des Headhunters de Herbie Hancock. L’idée est de mêler le jazz aux formes récentes de la pop culture afro-américaine et ainsi insuffler du groove, des mélodies consonantes et du plaisir.
Le virtuose claviériste a présenté le concept à quelques reprises, le voilà maintenant devant son plus grand public. Mais… pas de dispositions particulières à son approche, pas de « friends » supplémentaires comme le titre l’indiquait. Même approche qu’il y a deux ans mais un peu moins brouillonne, un peu plus ramassée, et aucune idée supplémentaire au programme et des prouesses technique dans le dernier droit. Un peu de chant de sa part, des reprises de Nirvana, Radiohead ou même Burt Bacharach, rien de neuf sous le soleil couchant ou sous les étoiles montantes.
Des voix féminines nous donnent l’impression qu’elles sont sur scène en tant que choristes et on se rend compte qu’elle proviennent des sons pré-enregistrés du DJ/beatmaker. Avec le cachet qu’il encaisse pour une telle soirée, il aurait pu penser à quelque chose de plus spécial mais non. Pas de mise en scène, pas d’invités spéciaux, pas de projections spéciales, seul ce ghetto blaster en toile de fond. Robert Glasper aurait donné le même concert dans une salle à 1000 places mais il se trouve à donner un des plus gros shows de sa carrière, sans préparation supplémentaire. Un peu moins poche qu’en 2022 au Théâtre Maisonneuve mais bon… rien de mémorable pour qui connaît bien la bête.
Si prometteur il y a deux décennies, Robert Glasper a pris goût au cash et à la belle vie, tous les promoteurs lui donnent ce qu’il veut et le public est au rendez-vous. Pourquoi changer au juste? Les mélomanes plus exigeants repasseront… ou quitteront un jour définitivement cette zone de facilité.
crédit photo :@frederiquema