classique occidental

Virée classique de l’OSM | Une Harmonie éclatante

par Alexandre Villemaire

Après leurs collègues de l’OSJM, c’était au tour des membres de l’Harmonie des jeunes de la Virée de venir remplir l’espace au Complexe Desjardins. Habitué de l’événement, ce grand ensemble à vent, composé d’élèves provenant de plusieurs écoles secondaires de Montréal, a rempli l’atrium du centre commercial avec un son homogène, équilibré, clair et mordant pour offrir une performance des plus éclatante. Solide et dirigé de manière énergique par Éric Levasseur, l’ensemble a enchaîné des morceaux aux couleurs orientales et méditerranéennes qui cadraient parfaitement avec la thématique de cette Virée. Il était impossible de ne pas taper du pied ou d’esquisser un petit pas de danse à l’écoute de la Polka italienne de Rachmaninov ou encore de la fameuse España d’Emmanuel Chabrier. Pour en témoigner, un père et ses deux jeunes filles qui prenaient plaisir à se déhancher sur les différents rythmes et mélodies!

Après le caractère festif de ses pièces, les jeunes musiciens ont aussi démontré l’étendue de leur jeu et de leur palette de couleurs avec la pièce Duat du compositeur Alex Poelman. La pièce évoque le parcours qu’une âme humaine – dans la mythologie égyptienne – devait emprunter dans le monde souterrain de Douât pour espérer accéder à la vie éternelle. À la fin de son périple, celle-ci était pesée sur une balance et pour d’élever ne devait pas excéder le poids d’une plume. La musique évoque parfaitement ce récit avec des grondements au caractère sombre et dramatique dans les graves enrobés de mélismes arabisants. L’œuvre se conclut par une finale lumineuse tenue par les flûtes dans l’aigu. Assurément, le public réparti sur les différents étages du complexe a été conquis.

classique occidental

Virée classique 2024 | Philharmonia Fantastique : une réelle animation

par Alexis Desrosiers-Michaud

Ce film d’animation de Gary Rydstrom sur une musique de Mason Bates (Anthology of a Zoology, dont on conseille fortement l’écoute) raconte l’histoire de Sprite, petit bonhomme de quatre couleurs qui découvre les instruments de l’orchestre par famille. Le film est conçu pour être projeté en arrière d’un orchestre qui joue en live, mais il est possible de le regarder sans, comme nous l’avons visionné. 

Après une introduction entièrement animée où la musique est parfaitement synchronisée à l’écran, Sprite commence son voyage de section en section. À partir de là, le film alterne entre images d’instrumentistes réels et animations, alors que le petit lutin est toujours en dessins animés. Chaque famille a une couleur et un style musical distincts. Il est très intéressant de voir Sprite se promener à l’intérieur des instruments, nous permettant ainsi de voir comment ils fonctionnent. Il est ainsi fascinant de constater, par exemple, lors d’une poursuite entre Sprite et un chat, comment l’air est dévié chez les cuivres lorsque les musiciens appuient sur des pistons ou des clés. On rit également lorsqu’il tombe dans les œillères du violoncelle et qu’il subit les effets des énormes vibrations de l’instrument. 

La musique de Mason Bates relève du pur génie. D’un feu roulant, dense et rythmiquement complexe, elle est en soi le moteur même du film, passant du jazz à l’orientale ou à la fanfare sans trop que l’on s’en aperçoive. La fin est digne d’une musique de film hollywoodien. Bref, il s’agit d’un divertissement bien construit, éducatif et ludique, tant pour les jeunes que pour les adultes.

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Virée classique 2024 – Des Rugissants qui ne rugissent pas assez fort

par Alexis Desrosiers-Michaud

Dès le début du concert, un constat nous frappe: cet ensemble a été programmé au mauvais endroit. Il n’aurait pas dû être programmé en extérieur à l’Esplanade Tranquille. Les 12 voix et la guitare ont peine à se faire entendre dans les nuances douces, malgré l’amplification. Qu’à cela ne tienne, il y a foule, ce qui est très encourageant pour le seul concert choral gratuit du festival.

Le chœur dirigé de main de maître par Xavier Brossard-Ménard est très dynamique, même si les pupitres d’hommes chantent en majorité plus fort que celui des femmes. Les paroles sont très audibles et les chanteurs font preuve d’une justesse implacable; on assiste à une démonstration magistrale dans El Grito du finnois Einojuhani Rautavaara, pièce truffée des glissandos avec des secondes mineures comme point d’arrivée.

Un autre élément marquant des œuvres auxquelles nous assistons est la diversité des sujets des chants espagnols. Au lieu des habituelles chansons à boire ou d’aventure, il y a dans le même recueil de Manuel Oltra, une histoire de la Mort qui entre dans un bar, un gars qui invite une fille à monter à cheval, une fillette qui a peur des mauvais esprits, une autre qui trouve toutes les excuses du monde pour ne pas se lever et un chant de Noël.

Comme avant-dernier numéro, nous avons droit à une pièce pour guitare seule, interprétée par Marc-Étienne Leclerc. Ce Variations sur un thème de Sor par Miguel Llobet est un peu comme le 24e caprice de Paganini, c’est-à-dire que le soliste peut y déployer une très grande virtuosité, mais tombe rapidement dans la redondance.

crédit photo: Gabriel Fournier

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Virée classique 2024 – La Symphonie de la Virée : des amateurs pas si amateurs que ça

par Alexis Desrosiers-Michaud

Devenue une tradition, la Symphonie de la Virée est un concert réunissant des musiciens amateurs de tous âges préalablement choisis. Rafael Payare vient mener l’ensemble pour la dernière œuvre au programme.

Cet évènement est la preuve vivante que les professionnels n’ont pas le monopole du bon produit musical et qu’avec beaucoup de passion et un peu de travail, on arrive à un résultat franchement convaincant. Passons outre les erreurs individuelles et petits débalancements pour regarder le tout dans son ensemble. Ce n’est pas parce que ce sont des amateurs qu’ils ne peuvent pas faire de grande musique.

Il y a une cohésion qui se tient dans cet ensemble. Le chef Adam Johnson insuffle une énergie contagieuse. On sent le travail d’écoute effectué en répétition; les solos de violon, de hautbois ont assez de place pour le lyrisme et l’expression. Le son est homogène et les dynamiques sont respectées à la lettre, tant au niveau des nuances, du phrasé et de l’articulation.

Alors que Payare prend les rênes pour l’ouverture de l’opéra Nabucco, il prouve à quel point il est un grand chef et monte le niveau d’un cran. Comme Johnson avant lui, il ne fait aucun compromis sur rien. Il pousse l’audace de prendre la coda à une vitesse folle et les musiciens répondent présent.

N’hésitez pas à l’avenir à aller assister au concert du voisin qui joue dans l’harmonie du lundi soir. Il y a de fortes chances que, pour une poignée de dollars, vous passiez un agréable moment.

crédit photo: Antoine Saito

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classique occidental / Moyen-Orient / Levant / Maghreb / période romantique

Virée classique 2024 | OSM et Constantinople: Dialogues bigarrés, conversation à poursuivre

par Alexandre Villemaire

L’équipe de PAN M 360 est très présente à la Virée classique, présentée par l’OSM. Sur le terrain, dans les activités gratuites et les concerts en salle, Alain Brunet, Alexis Desrosiers-Michaud et Alexandre Villemaire rendent compte de ce qu’ils ont vu et entendu aux évènements présentés à Montréal jusqu’au 18 août.

Il s’agissait sur papier d’une première qui n’avait pas son pareil. Pour la première fois dans son histoire, l’Orchestre symphonique de Montréal recevait sur les planches de la Maison symphonique un ensemble de musique traditionnelle pour un concert commun. Et pas n’importe lequel ; Constantinople, ensemble bien connu et implanté dans le paysage musical montréalais et québécois. Le choix de la collaboration avec Constantinople s’imposait, son identité et sa pratique étant, comme l’a rappelé son directeur artistique Kiya Tabassian, le dialogue et le métissage entre les univers musicaux. Une vision que partage aussi Rafael Payare.

Si nous pouvons dire qu’il y a effectivement eu un dialogue, le concert auquel nous avons eu droit a montré que la conversation, elle, mériterait de gagner en profondeur. Alors que l’on s’attendait à voir et entendre une interaction entre l’orchestre et les musiciens de Constantinople, nous avons eu droit à un échange de questions-réponses où les interventions virtuoses de Constantinople des pièces de Dimitrie Cantemir étaient intercalées entre des extraits de la suite Peer Gynt de Grieg, jouées avec ferveur et maîtrise par l’OSM. Peer Gynt est logique thématiquement, le personnage éponyme du conte d’Ibsen incarnant la figure du voyageur qui, au cours de son récit, s’établira pendant un temps en Afrique du Nord. Malheureusement, le maillage avec la musique, notamment dans la « Danse d’Anitra » et la « Danse arabe », nous apparaissait plus comme un pastiche et non comme un élément organique.

La pièce maîtresse du concert était le Concerto pour piano no 5 « Égyptien » de Camille Saint-Saëns. Le soliste Cédric Tiberghien s’est démarqué dans des pages qui sont d’une virtuosité technique certaine, sans pour autant être grandiloquentes. Composé par Saint-Saëns alors qu’il résidait à Louxor, il fait défiler plusieurs thèmes musicaux lyriques et chantants, imbibés d’influence orientale. Le deuxième mouvement, marqué par une inspiration arabo-andalouse, fait écho à la virtuosité vocale que Kiya Tabassian a démontrée dans sa pièce Chavosh.

Bref, on ne peut que souligner et saluer la volonté marquée de l’OSM et de son chef de s’être mouillé et d’avoir initié cette rencontre, mais il faudra l’affiner.

crédit photo: Antoine Saito

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classique

Virée classique 2024 – OSM et Miloš : Entre classiques et raretés

par Alexis Desrosiers-Michaud

Samedi soir avait lieu le concert avec l’OSM du guitariste Miloš dans le Concierto de Aranjuez de Rodrigo, précédé d’extraits de Carmen de Bizet et d’œuvres de Rossini, Ravel et Mel Bonis.

Passons outre l’ouverture L’italiana in Algeri qui n’apporta rien de magistral et qui était de trop dans ce concert. Les Cinq mélodies populaires grecques de Ravel est un court recueil brillamment orchestré. La mezzo-soprano Emily Sierra l’interprète malheureusement presque sans différence de nuances, n’exagérant les consonnes que dans les mélodies rapides. À l’inverse, dans Carmen, elle joue le jeu du rôle. Avec une voix suave, coquine et résonnante, ajoutant quelques inflexions vocales, le rendu de ce classique est réussi, malgré des accélérations mal coordonnées avec l’orchestre dans la Chanson Bohème.

Avant le Aranjuez, nous avons eu droit à une courte œuvre de quatre minutes de Mel Bonis, Salomé. Nous en aurions pris davantage car cette compositrice, élève de Franck, sait orchestrer. On retiendra la portion centrale de l’œuvre à cinq temps.

Puis, vint Miloš. Il joue avec une très grande précision et une sensibilité aux nuances qui nous amène dans un autre monde. Son dialogue avec le cor anglais reste mémorable et l’orchestre s’ajuste dans son accompagnement, trop présent dans le premier mouvement.

Hélas!, ce moment de grâce fut gâché par une (autre) sonnerie de cellulaire. À ce titre, à travers les toux et les multiples programmes échappés, nous en avons entendu trois hier soir, dont une entre la fin du message d’avertissement et l’entrée du violon solo, ce qui ne manqua pas de soulever un rire généralisé.

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