Gabrielle Legault et Loukas Perreault sortent-ils de nulle part ? Chose absolument certaine, ils vont quelque part ! Une maille à l’endroit, une maille à l’envers, la fille et le gars ont discrètement tricoté cette synth-pop d’une qualité étonnante. Sans faire l’événement, sans créer le buzz dans la communauté indie-keb qui a aussi ses chouchous et ses oublis. À l’évidence, voilà un cas d’oubli ou de mauvais timing, qu’il nous faut rectifier comme nous l’avons fait pour le rappeur littéraire Vendou… qui participe à cet album, comme par hasard. Détrompez-vous, Titelaine n’a vraiment rien à voir avec Tricot-Machine, la métaphore de la laine n’a rien de patrimonial et renvoie plutôt au maillage des circuits électroniques au service d’une pop singulière au premier abord. La mollesse apparente de l’expression vocale peut tromper l’oreille de prime abord, les traitements électroniques qui en soutiennent les rimes s’avèrent très créatifs, les ponts, les grooves, les refrains, les arrangements, la diversité des sons, la facture générale est très solide. Les accroches mélodiques et les choix harmoniques créent une superbe tension entre une expression musicale zéro décalée et une québécitude parfaitement assumée dans le texte comme dans l’accent. Côté référentiel, l’approche puise dans la house mélodique et la synth-pop / dream-pop dernier cri, de même niveau que les meilleurs cousins français inscrits dans ce sillon, on pense notamment au tandem Paradis qui avait fait le superbe album Recto Verso en 2016… avant de mettre fin (provisoirement?) à leurs activités. Ne souhaitons pas ça à Titelaine, ce duo a les atouts de la meilleure pop keb fleurissant au champ gauche.
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