Titelaine : synth-pop tricotée serrée

Entrevue réalisée par Maude Bélair
Genres et styles : dream-pop / synth-pop

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Titelaine ? C’est quoi ça ? De la chanson folklorique digne de « mon petit porte-clé tout rouillé, tout rouillé” ?  Un duo  frère-sœur en chemises à carreaux ? Eh bien non : Titelaine est un duo synth-pop / dream-pop keb composé d’amis de longue date, Gabrielle Legault et Loukas Perreault.

Le tandem est  très conscient de la possible confusion mais qu’à cela ne tienne : Titelaine est le nom du projet et ses protagonistes refusent tous préjugés sur la sonorité choisie. Car pour Gabrielle et Loukas, une seule chose compte véritablement : faire de la musique qu’ils aiment, peu importe l’opinion des autres. D’ailleurs, ne dit-on pas que les choses faites avec amour sont les meilleures ? 

En plus d’un micro-album paru en 2018 intitulé Autour de toi et d’une participation aux Francouvertes 2019, le duo  rendra disponible un tout premier album intitulé On veut vivre notre vie en vacances le 8 octobre 2021. Au menu : une douce pop-électronique enveloppante, parfaite pour les journées automnales encore colorées. 

On peut certainement noter que les deux artistes ont bien fait leurs devoirs depuis la sortie de leur premier EP : l’ajout de riches textures sonores, de basses bien charnues et de la voix de Loukas (on ne l’entendait pas encore dans Autour de toi!) ont bien étoffé le projet, jamais au détriment du fil conducteur de Titelaine.

Alors que le duo est rapidement comparé aux artistes européens Angèle, Polo & Pan ou encore Paradis, nous ne pouvons que souligner le rendu de ce projet québécois qui ravive  l’attrait d’une pop colorée et surtout, bien appropriée. 

Ainsi donc, Titelaine a lancé On veut vivre notre vie en vacances le 7 octobre 2021 sur la scène d’Ausgang Plaza. Devant un public obligatoirement assis, Titelaine a malgré tout su offrir une expérience lumineuse. Plusieurs personnes ont quitté les lieux avec  les joues endolories ! Bien que seule sur scène, la paire a su garder ses fans au bout de leur chaise. Vous n’y étiez pas ? Ce n’est pas grave : la matière de On veut vivre notre vie en vacances sera jouée de nouveau. D’ici là on écoute l’album et on lit cet entretien avec PAN M 360.

PAN M 360 : Avant d’écouter votre musique, je croyais très honnêtement – vous me pardonnerez – que Titelaine était un groupe de folklore québécoise. Puis, j’ai découvert que vous étiez en fait un duo de musique synth-pop ! C’était voulu de créer la confusion ? 

Loukas : Premièrement, tu es loin d’être la première personne à nous dire ça! Bien que nous étions d’accord que ce nom n’allait pas vraiment avec notre son, nous croyions sincèrement que ce n’était pas grave, que les gens n’allaient même pas remarquer. Puis au final, Titelaine c’est juste parce que nous aimons porter des vêtements de laine, nous aimons être au chaud. 

Gabrielle : Même avant que le groupe existe, Loukas et moi disions souvent à la blague que si nous nous lancions en musique, c’était ce nom que nous allions choisir ! Donc, ça remonte à un petit bout, déjà…

Loukas : Plein de gens nous ont dit de changer de nom, que cela portait à confusion. Mais on aimait ça, nous ! On a donc décidé de s’écouter et de garder ça comme ça. 

PAN M 360 : Et ma deuxième confession est que je croyais que vous étiez frère et sœur! Mais non, ce ne sont pas les liens du sang qui vous unissent, mais bien l’amitié. Qu’est-ce qui vous a poussé à travailler ensemble ? C’est l’harmonie complète ou il y a tout de même quelques frictions ?

Gabrielle : C’est tellement drôle mais encore une fois, tu es loin d’être la seule à nous avoir dit ça ! Malgré tout, c’est notre relation, symboliquement. On s’agace souvent, on se taquine mais on réussit toujours à se parler directement, en toute  transparence. Et nous nous connaissons depuis longtemps : nous sommes allés au cégep Marie-Victorin ensemble, dans le programme de musique en fait. Et nous nous sommes aimés tout de suite ; nous aimions la même musique, nous nous entendions bien… Nous avons été amis d’abord et collègues par la suite. 

Loukas : Oui, et nous faisions partie d’un autre groupe auparavant. C’était plus de la musique indie-rock-alternatif et à moment donné, nous avons réalisé que ce n’était pas ça que nous voulions faire. Et c’est comme ça que nous avons décidé de fonder Titelaine, un projet plus pop ! 

PAN M 360 : Loukas en a brièvement parlé, mais votre son a relativement changé depuis le lancement du projet! Autour de toi, votre premier micro-album sorti en 2018, présente des sonorités plus douces, moins texturées,  davantage construite autour de  la voix de Gabrielle. Votre premier album, On veut vivre notre vie en vacances, est plus travaillé : plus intense, plus immersif. Cette évolution était-elle naturelle ou quelque chose en particulier vous a influencés ?  

Gabrielle : Je crois que ça s’est fait naturellement, dans le sens où le EP était vraiment un essai. Nous voulions tâter le terrain, essayer de nouvelles choses…  Et, à force de les jouer, de les présenter en spectacle, nous avons relevé les choses qui nous déplaisaient, que nous voulions changer. 

Loukas : J’ai pris de l’expérience depuis Autour de toi. Maintenant, je me sens davantage capable de créer exactement ce que j’ai en tête. 

PAN M 360 : On veut vivre notre vie en vacances est un projet assez personnel et sentimental : vous y parlez beaucoup de l’incertitude des relations interpersonnelles, de la difficulté à faire confiance aux êtres aimés et la peur de se faire briser le cœur en mille morceaux. Êtes-vous anxieux de nature ? 

Gabrielle :  Côté paroles, en effet, c’est très personnel. L’écriture fait partie de mon quotidien : j’écris des petites choses dans mon téléphone, je note des idées sur des bouts de papier… Écrire m’aide à mettre le doigt sur le bobo, tu comprends ? Les relations interpersonnelles, l’amitié, le doute sont des choses qui me passent par la tête très souvent. 

Loukas : Et alors que Gabrielle se laisse aller dans le chant, je trouve le même laisser-aller dans la musique : je crée des beats qui, oui, sont peut-être sont en confrontation directe avec la douceur des paroles, peuvent aller chercher d’autres sentiments chez l’auditoire : l’euphorie, le bonheur…

Gabrielle : Nous voulions créer un rapport au temps plus détaché, qui dit « c’est correct de vivre au jour le jour, de laisser aller son fou… ». Notre musique n’est pas un travail ; c’est ce qu’on veut faire de nos vies. D’ailleurs, c’est pour ça que le titre On veut vivre notre vie en vacances nous va si bien. 

PAN M 360 : Vous dites vous-mêmes que votre son peut s’apparenter à la musique d’Angèle, ou encore Kaytranada : de la synth-pop colorée sur laquelle on pose des paroles assez personnelles, qui racontent une histoire. Cela vous fait-il plaisir d’être comparé à ces grosses pointures, ou votre ambition est de vous démarquer ? 

Loukas : On ne se le cachera pas : on fait de la pop mainstream. Je veux dire, nous faisons de la pop et nous l’assumons très bien. Nous venons tous les deux d’un lieu qu’on pourrait qualifier d’académique. Et autant chez les musicien.ne.s que chez le public au sens large, nous ressentons vraiment les préjugés, le snobisme face à ce que nous faisons. 

Gabrielle : Les gens voient notre musique comme simple alors qu’en réalité, elle demande beaucoup de travail! Et évidemment qu’il y a des gens qui n’aiment pas ce que nous faisons, et cela est parfaitement correct – mais il est clair que beaucoup de gens disent ne pas aimer ça par peur d’être jugés. 

Gabrielle : Mais pour revenir à ta question, je ne crois pas que nous ayons vraiment pensé à ça. Cela ne me dérange pas d’être comparée, comme je ne cherche pas particulièrement à stand-out. Loukas et moi faisons de la musique qui nous plaît et c’est tout. 

PAN M 360 : Alors, vous ressentez un certain snobisme sur la pop au Québec ? 

Gabrielle : Beaucoup. Lorsque nous faisons des demandes de subvention ou que nous participons à des concours, les commentaires restent sensiblement les mêmes : musique trop accessible, formulation trop simple… Et comme Loukas l’a mentionné, nous venons d’un milieu académique dans la mesure où nous avons étudié en musique où nos collègues, nos enseignant.e.s, tout le monde nous disait « faites attention, vous sonnez trop pop ». Alors, la pop c’est de la musique de seconde classe ? Depuis quand faire de la pop-tout-court est considéré comme un échec ? Pourquoi faudrait-il faire quelque chose de spécial pour être considéré comme niche ? Mais il est trop tard car c’est décidé : c’est ce que nous aimons faire. 

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