On ne peut aisément circonscrire ces nouvelles offrandes sous la signature Thus Owls, ce qui est une bonne chose en soi dans le cas qui nous occupe. Plutôt que de chansons, parlons ici d’un travail brillant de poésie mise en musique dans un contexte de haute création. Ainsi, l’approche littéraire se fond dans une œuvre impliquant composition, improvisation, production électronique.
Les textes de cette chanteuse extraordinaire qu’est Erika Angell renvoient à son isolement en Amérique du Nord pendant la pandémie et plus encore. Loin de sa famille et de ses proches en Suède, elle écrit autour des thèmes d’un changement de sa propre identié, de sa vie en tant que mère, de ses bouleversements intérieurs et autres mutations
Pour ce nouveau projet, Thus Owls a invité des musiciens afin d’étoffer sa proposition, bien au-delà de la simple exécution, on l’observe dans les bribes d’arrangements et les improvisations de chacuns. Ainsi, les saxophonistes Jason Sharp (basse, filtres électroniques), Adam Kinner (ténor, chant) et Claire Devlin (ténor, chant) se joignent au batteur Samuel Joly, au bassiste Marc-André Landry, le tout supervisé par Simon Angell (guitares, basse synthé, basse) et Erika Angell (chant principal, claviers).
Les artistes ici impliqués proviennent du jazz contemporain, de la création électroacoustique, de l’avant-rock, de l’avant folk. Ils prolongent ensemble un art hybride, collaboratif, hautement imaginatif, et procèdent à de réelles avancées. Voilà un album qui marquera la production indie de Montréal en 2022. Et on l’espère, la production canadienne dans son ensemble et aussi la production internationale. Car Thus Owls demeure un des plus grands groupes de potentiel universel à provenir de MTL.
Erika et Simon Angell produisent tant de beauté depuis leur rencontre artistique et amoureuse, union de laquelle un humain et cinq albums ont été engendrés. Les trois premiers ont été des succès d’estime mais n’ont jamais connu l’impact de leurs proches collègues montréalais, on pense d’abord à la famille élargie du Mile End, de Pat Watson, Suuns, La Force, Efrim Menuck, Godspeed, Jérusalem in my Heart, The Besnard Lakes …
Plutôt que de diluer leur proposition pour en maximiser l’impact trop ténu, Erika et Simon persistent et signent, ne cessant d’élever leurs standards compositionnels et la qualité de leurs exécutions. Ainsi, ils ont le courage de jouer le tout pour le tout, ils font ce que les artistes valeureux et indépendants d’esprit doivent accomplir bon gré mal gré. L’avenir leur donnera raison.