Revoici Peter Peter ou, selon les registres de l’état civil, Peter Roy, roi de l’électro-pop troposphérique franco. Le chansonneur à la gueule d’Antinoüs hipster se maintient en altitude depuis 2011, année de son ascension qui, fabulons-le pour alimenter le mythe, eut lieu le quarantième jour suivant le lancement de son premier album. On comprend d’entrée de jeu que le titre de ce nouvel opus constitue un contraptontyme de la plus belle eau : il n’y a rien de drôle ici. Rien de tragique non plus, remarquez bien, mais il appert que l’ambiance d’ensemble de Super comédie, autant dans les musiques que les textes, est imprégnée de sensibilité, de délicatesse, d’introspection et, parfois, de spleen léger, comme dans les trois précédents recueils de Peter Peter.
Super comédie a été réalisé par Peter Peter en compagnie du musicien et très prisé réalisateur Emmanuel Éthier, du producteur et musicien Pierrick Devin, notamment connu pour sa collaboration avec Lomepal, et d’Aurélien Fradagrada, moitié du duo Head On Television. Peter Peter a créé tous les textes et toutes les musiques, sauf celle de Répétition, composée avec Aurélien Fradagrada. Pour plusieurs pièces, dont Commun maintenant, nos compères ont adapté les canevas pour guitares et synthés tracés au siècle dernier par des concepteurs comme Ric Ocasek ou Andy Summers (à l’époque où The Cars et The Police étaient des noms de groupes). Une courte incursion techno sous forme de prière d’oubli, Damnatio Memoriae – Maudite mémoire, dirait Michel Faubert –, sonne la demie de l’album.
La chanson-titre en évoque une autre, Une version améliorée de la tristesse, par la scansion de ses paroles et sa fonction d’état des lieux inaugurant l’album. Au fil des dix pièces qui suivent, Peter Peter nous entraîne à travers les couches de susurrus et de cafardus de sa troposphère personnelle. Il observe, constate et avoue en métaphorisant, allégorisant et métonymisant beaucoup… et bien, comme dans Les mariés ont disparu : « Ne reste que des vêtements autonomes – Portés sur la rue par des fantômes – Les grincements cyniques sous leurs pas – Je n’écouterais pas si j’étais toi ».
Peter Peter nous livre ici l’opus le plus convaincant de son consistant corpus.