La chanteuse/compositrice torontoise Sarah Jerrom a vécu l’épreuve difficile d’une fausse couche, ce qui l’a amené à être attentive à de multiples détails du quotidien auxquels elle ne portait pas attention précédemment. C’est l’observation d’un envol étrangement coordonné d’une nuée de pies qui l’a captivée au point d’en faire la source d’une narration artistico-conceptuelle, devenue la base de la suite en huit mouvements Magpie.
Magpie est écrite pour un vaste ensemble orchestral de 14 bois et cuivres, additionné d’un trio piano/contrebasse/batterie et d’un quatuor vocal incluant Jerrom elle-même et qui se la joue façon vocalismes a capella. Des harmonies privilégiées par Jerrom émanent une douce lumière et beaucoup d’espoir. Magpie est une démarche cathartique empreinte de beauté et d’une perspective radieuse, où la mélancolie reste un point d’ancrage mais jamais une attitude envahissante. L’écriture riche et complexe tisse de très belles phrases qui entrelacent dans un contrepoint engageant toutes les sections de l’orchestre, ainsi que les voix et les solistes. On navigue entre un impressionnisme solaire et un jazz de très grande classe, porté par une vision narrative claire et précisément focalisée.
Propos touchant, musique séduisante, parfois grandiose mais jamais grandiloquente, grande qualité des interprétations, voici un album que vous ne devriez pas laisser passer sans y plonger tout entier. Vous en ressortirez comme nettoyé, plus réceptif à la beauté et l’espérance qui existent autour de nous, malgré les coups durs de la vie. Une magnifique leçon de résilience enveloppée dans une création émotionnellement porteuse.
Son site ne mentionne aucun concert à venir. Tout bon festival de jazz devrait pourtant offrir Magpie dans sa programmation. En tous les cas, j’aimerais certainement voir et entendre ce Magpie ici à Montréal! Avis à ceux que cela peut concerner…