Le Portoricain Residente, alias René Pérez, forme la moitié du duo rap-reggaeton Calle 13, réinvente le hip hop en espagnol depuis deux décennies.
Son deuxième album solo s’intitule Las Letras Ya No Importan (les paroles n’ont plus d’importance), on l’entend d’ailleurs en français au début de la deuxième pièce. N’allez surtout pas croire que c’est ce que Residente pense.
Cet album est copieux, inventif, riche en textes engagés, en collaborations et en introspections personnelles. Une heure trente de musique et de paroles.
Residente demeure un rappeur qui joue de façon originale avec les rythmes et les sonorités de la langue espagnole. Musicalement, il explore, visite et juxtapose de multiples genres musicaux : cordes classiques, sons arabes, boléro cubain, folklore sud-américain, norteño mexicain, électro, etc.
Son album éponyme précédent de 2017 explorait toutes les cultures dont il était issu, selon son test d’ADN. Cette fois, René Pérez fait une large introspection de l’univers hispanophone et américain. Dans la pièce This is Not America, il nous prévient: « L’Amérique, ce n’est pas les États-Unis, ça va de la Terre de Feu jusqu’au Canada ». Il faut regarder la vidéo de cette chanson, qui constitue un cours express de violence américaine.
Dans cet opus, il y a des tonnes de collaborations, avec les espagnoles Penelope Cruz et Silvia Pérez Cruz, l’américain des USA Busta Rhymes, les deux soeurs franco-cubaines Ibeyi, le chanteur mexicain Christian Nodal, le rappeur cubain A12 El Aldeano. La collaboration la plus surprenante est celle avec le chanteur portoricain hyper-commercial Ricky Martin, une sorte d’antipode musical. Ça s’intitule Quiero Ser Baladista,
Je veux devenir un chanteur de balades.
Residente embrasse très large, peut-être parfois un peu trop, mais il nous offre un voyage fantastique dans la culture latino-américaine et même au delà. On y parle, entre autres, de politique, de baseball, d’intelligence artificielle, de mort et de rébellion. Dans la pièce titre, on entend des chiffres et des lettres prononcés en plusieurs langues dont le français.
Ce disque inclut des pièces écrites depuis plusieurs années. René Pérez en parle comme un album de transition. Vers quoi? Cinéma? Littérature? Nouvelle musique? Residente n’a pas fini de nous surprendre.
Entretemps, il y aura cet automne une tournée mondiale, qui passera par New-York. Mais pas par chez nous.