Particulièrement friands de l’Halloween cette année, Black Francis et sa bande? On va se faire peur avec les morts-vivants plutôt qu’avec les fantômes, alors… Quelques jours avant le 31 octobre, Pixies lançait son dixième album en carrière, The Night The Zombies Came – son cinquième en dix ans.
On ne va pas tourner autour du pot : le disque est assez moyen. Écoutable, sympathique par moments, mais, sans surprise, le produit est convenu et Black Francis n’effleure même pas son niveau de composition d’antan. Primrose ouvre l’album d’une manière calme à la guitare acoustique et nous fait comprendre une bonne fois pour toute que les Pixies, en 2024, tous à la frontière de la soixantaine, ne s’inventent pas une hargne de vingtenaires.
Les Pixies, en 2024, préfèrent la quiétude absurde à l’agitation surréaliste. Même dans les morceaux les plus proches du spectre punk qui les caractérisait autrefois (Oyster Beds, Ernest Evans), le mixage et la voix de Black Francis misent davantage sur un sentiment de retenue, loin d’une électrique composition comme Crackity Jones. Et vous savez quoi? C’est très bien comme ça, le choix est judicieux. La voix rocailleuse de Black Francis est d’autant plus appropriée sur une chanson lente comme Mercy Me, composition surf en fin d’album qui laisse entrevoir les interventions les plus inspirées de Joey Santiago.
Si l’album se laisse écouter correctement d’une traite, avec des bouts de paroles ou quelques envolées musicales qui font sourire, on peine à retenir le nom des chansons après la quarantaine de minutes qui sépare la première note de Primrose et la dernière de The Vegas Suite. Une seule pièce du puzzle semble se détacher du lot : Jane (The Night the Zombies Came), aux airs d’un beau-bizarre imprévisible que nous aimions tant chez eux. Mais ce n’est pas assez. L’envie de réécouter pour une millième fois Doolittle ou Bossanova prime sur l’envie immédiate de se replonger dans The Night The Zombies Came.
On peut critiquer le contenu des nouveaux Pixies, mais le processus derrière celui-là, lui, est de bonne foi. Le groupe de Boston produit de la musique visiblement plus pour le plaisir qu’en pensant véritablement créer quelque chose de révolutionnaire. Moins facile de cracher sur une troupe de musiciens légendaires qui désire simplement se garder en forme, comme le prouve l’annonce d’une deuxième tournée nord-américaine d’envergure en deux ans qu’enchaînera Pixies dans quelques mois (le groupe américain sera d’ailleurs de passage à Montréal, au MTelus, pour deux soirs en juillet 2025).
Et pour un très jeune amateur du groupe comme votre fidèle scribe qui tape ces lignes, ce sera toujours un plaisir de se dire : « moi aussi, j’étais là, un vendredi à minuit, pour me mettre un nouveau Pixies dans les oreilles. Moi aussi, j’ai aujourd’hui la chance d’aller les voir en spectacle. »
Même si on est très loin des Surfer Rosa et tout le tralala.
Faut être heureux avec ce qu’on a.