J’aime énormément la musique que la compositrice cubano-étatsunienne Tania Leon. Sa palette sonore semble en constant frémissement d’idées et de motifs qui apparaissent éparpillés, mais une fois concentré sur l’ensemble, on se rend compte que tout est d’une magnifique cohérence, en plus d’être rythmiquement dynamique et accrocheur. La danse est au cœur de la musique cubaine, mais les pages de Mme Leon ne sont pas des pastiches ou des constructions rigides. Le soleil et le groove du son, de la rumba ou de la bachata sont distillés et amalgamés dans des trames symphoniques complexes qui évoquent parfois Copland, parfois quelque chose de plus avant-gardiste, mais qui sont toujours très évocatrices, et même ‘’dansables’’. Trois des quatre œuvres au programme sont des premières mondiales (Raices, Stride et Passajes).
Horizons date de 1999 et porte la marque d’un modernisme plus académique, mais les trois autres ont été écrites il y a moins de 5 ans chacune et témoignent d’un désir évident de l’artiste de se rapprocher de ses racines cubaines, et des couleurs, effluves, impressions, émotions, panoramas, cultures qui forment ce pays inspirant. La même attention aux détails et aux jaillissements de thèmes que dans ses pièces précédentes, mais ici avec une empreinte nationaliste sophistiquée, sublimée. Les Londoniens semblent très bien s’amuser avec ces partitions.
Un album réjouissant.