Quel délicieux programme! La violoncelliste Ophélie Gaillard, avec ses amis Sandrine Piau (soprano), Marina Viotti (mezzo) et Luan Goes (contreténor), et accompagnée du Pulcinella Orchestra, nous propose un très beau périple dans le magie musicale napolitaine des 17e et 18e siècles. Si on y savoure pleinement les plumes de quelques compositeurs très connus (Pergolesi et Alessandro Scarlatti), les découvertes s’accumulent à foison grâce à quelques autres créateurs moyennement connus (Leo, Porpora, Durante) et surtout à d’illustres inconnus (de nos jours seulement, car ils l’étaient à l’époque!) comme Sarro, Fiorenza, Barbella ou Lanzetti.
Napoli est en vérité la poursuite d’une ‘’série’’ de recherches que Gaillard poursuit sur le répertoire baroque pour violoncelle à travers l’Europe. Il vaut la peine d‘aller écouter les albums précédents (Madrid, Berlin, Venise, Londres) pour apprécier pleinement sa démarche. Toujours aussi précise dans ses investigations, laissant peu de replis de l’histoire dans l’ombre, elle déniche de merveilleuses pépites qui ne laissent peut-être entrevoir encore qu’une minuscule partie de ce qui se faisait à l’époque, mais qui a l’immense bénéfice de nous faire rêver d’un avenir de nouvelles découvertes presque intarissable!
Majoritairement instrumentale, la démarche de la violoncelliste laisse néanmoins quelque place à des bijoux insoupçonnés du répertoire lyrique. À témoin ces poignantes Lamentación segunda del Jueves Santo d’un certain Corselli chantées par Sandrine Piau, ou encore le très beau Non turbar quand’io mi lagno, extrait de l’opéra L’isola disabitata, composé par Giuseppe Bonno (Marina Viotti, excellente).
Plongez sans hésitation dans un temps que ne sauraient connaître les moins de 200 ans, dans des rues dédalesques où la musique retentissait à chaque tournant d’angle imprévu.