On s’était excité le pompon lorsque la chanteuse, autrice et compositrice américano-japonaise Mitski Miyawaki fut consacrée en 2018 avec Be the Cowboy, son cinquième album studio, suivi d’une tournée mondiale avec escale prévue côté Osheaga. Voici enfin son sixième, très bien ficelé et, musicalement, sans intérêt majeur de prime abord, si ce n’est l’exégèse des fragments stylistiques mis en jeu, pour la plupart puisés dans les années 80 et frémissant dans une marmite indie quatre décennies plus tard. Électro-pop, new wave, électro-rock, post-punk ou folk-rock se trouvent plutôt au service des textes, écrits par une parolière excellente. Alors, au lieu de propulser ses mots fins en s’accompagnant simplement à la guitare acoustique, Mitski enrobe ses chansons de musiques plus ambitieuses, puis aborde tout en subtilité les thèmes poétiques de sa « bande sonore pour transformation ». Défilent l’incertitude de l’amour intime, la dépression, la rupture, la désillusion, les leçons tirées de l’adversité et plus encore. Force est de déduire que le monde de Mitski est résolument chansonnier, c’est-à-dire qu’il commande une attention soutenue à sa démarche littéraire. Ne pas porter attention à ses textes et ne s’en tenir qu’à la musique restreint donc la perception de cet opus plus riche qu’il n’y paraît.
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