Le troisième album de LaF suit les EP de Jamaz et Bkay, ainsi que le premier album solo de Mantisse, et marque un tournant. Jusqu’à récemment, LaF représentait les forces montantes du hip-hop local, on peut dire que cette posture fait désormais partie du passé. LaF devrait remplir le MTELUS ce vendredi et plusieurs autres salles québécoises, s’inscrivant ainsi dans le peloton de tête du rap keb. Le groupe a atteint un bel équilibre entre rap d’Europe francophone et d’Amérique francophone. Et donc le trio représente cette mouvance de jeunes adultes ou ados éduqués pour la plupart et qui ont peu de choses à voir avec la réalité de la rue même s’ils en sont conscients. LaF est plutôt l’expression d’artistes issus de milieux relativement favorisés, désireux d’exprimer leurs préoccupations légitimes tout en aspirant à une écriture poétique de très bon niveau. Ces artistes sont bien sûr en phase avec la culture hip-hop, c’est-à-dire tributaire des notions de flow, de consonance, d’articulation, etc. Le beatmaking est généralement solide, marqué en partie par l’électro britannique, drum’n’bass, bass music ou UK garage, souvent présente dans le grime (rap britannique), mais aussi par le hip-hop américain de qualité, boom bap et breakbeats en priorité. Des instruments acoustiques ou électriques s’ajoutent à l’arsenal des sons et mélodies d’allégeance soul / R&B, guitares, violon, flûte, trompette ou voix humaines de la chanteuse Rau Ze (Blue Cheez) et du rappeur SeinsSucrer (Le champ des possibles). Voilà une grande preuve de maturité pour la suite des choses, c’est-à-dire l’accession de LaF au haut de la courbe de popularité keb.
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